CORRIGEQuestion 1 : a) Bergson traite dans ce texte de la dĂ©marche scientifique et du statut des thĂ©ories. AprĂšs avoir analysĂ© la mĂ©thode scientifique des « modernes », la mĂ©thode expĂ©rimentale, il en conclut que le travail dâĂ©laboration dâune thĂ©orie scientifique
LaPensée et le Mouvant est un livre du philosophe français Henri Bergson, paru en 1934 chez Félix Alcan à Paris.Il s'agit d'un recueil de IX articles précédemment parus entre 1903 et 1923, augmentés d'une introduction inédite qui représente un tiers de l'ouvrage.Il s'agit du dernier livre publié par Bergson. Il a été réédité en 1938 aux Presses universitaires de France, et
Bergson, La PensĂ©e et le Mouvant La connaissance de la doctrine de lâauteur nâest pas requise. Il faut et il suffit que lâexplication rende compte, par la comprĂ©hension prĂ©cise du texte, du
Laseconde partie de l'introduction de La pensée et le mouvant évoque : « le champ immense des fréquences », Henri Bergson (2009), La pensée et le mouvant, p. 61. Gilles Deleuze interprÚte les images comme des « figures de lumiÚre » : « L'identité de l'image et du mouvement a pour raison l'identité de la matiÚre et de la lumiÚre. », Gilles Deleuze (1983),
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ZlBOwEc. La pensĂ©e et le mouvant Ce mot trĂšs opaque en appelle Ă une double interrogation sĂ©mantique et ... dĂšs lors que l'exercice souverain d'un rĂ©cit nunĂ©gocentrĂ© »[12] serait la seule issue, ...... auto-significativitĂ© », mĂȘme si immĂ©diatement aprĂšs ce schĂšme est corrigĂ© ..... la doxa rĂ©aliste pour cette entreprise canonique du classicisme postvidalien. Part of the document Henri BERGSON 1859-1941 La pensĂ©e et le mouvant ESSAIS ET CONFĂRENCES. Articles et confĂ©rences datant de 1903 Ă 1923 Un document produit en version numĂ©rique par Mme Marcelle Bergeron, bĂ©nĂ©vole Professeure Ă la retraite de l'Ăcole Dominique-Racine de Chicoutimi, QuĂ©bec et collaboratrice bĂ©nĂ©vole Courriel mailtomabergeron Site web Dans le cadre de la collection "Les classiques des sciences sociales" dirigĂ©e et fondĂ©e par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au CĂ©gep de Chicoutimi Site web s/ Une collection dĂ©veloppĂ©e en collaboration avec la BibliothĂšque Paul-Ămile-Boulet de l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă Chicoutimi Site web Un document produit en version numĂ©rique par Mme Marcelle Bergeron, bĂ©nĂ©vole, professeure Ă la retraie de l'Ăcole Dominique-Racine de Chicoutimi, QuĂ©bec courriel mailtomabergeron site web Ă partir de Henri Bergson 1859-1941 La pensĂ©e et le mouvant. Essais et confĂ©rences. Recueil d'articles et de confĂ©rences datant de 1903 Ă 1923 Une Ă©dition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e du livre La pensĂ©e et le mouvant. Paris Les Presses universitaires de France, 1969, 79e Ă©dition, 294 pages. Collection BibliothĂšque de philosophie contemporaine. Polices de caractĂšres utilisĂ©e Pour le texte Times, 12 points. Pour les citations Times 10 points. Pour les notes de bas de page Times, 10 points. Ădition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE US letter, x 11'' Ădition complĂ©tĂ©e le 14 aoĂ»t 2003 Ă Chicoutimi, QuĂ©bec. Avec la prĂ©cieuse coopĂ©ration de M. Bertrand Gibier, bĂ©nĂ©vole, professeur de philosophie, qui a réécrit en grec moderne toutes les citations ou expressions grecques contenues dans l'?uvre originale ac- [pic] Table des matiĂšres Avant-propos I. - Introduction premiĂšre partie. Croissance de la vĂ©ritĂ©. Mouvement rĂ©trograde du vrai II. - Introduction deuxiĂšme partie. De la position des problĂšmes 22 janvier 1922 III. - Le possible et le rĂ©el. Essai publiĂ© dans la revue suĂ©doise Nordisk Tidskrift en novembre 1930 IV. - L'intuition philosophique. ConfĂ©rence faite au CongrĂšs de Philosophie de Bologne le 10 avril 1911 V. - La perception du changement. ConfĂ©rences faites Ă l'UniversitĂ© d'Oxford les 26 et 27 mai 1911 PremiĂšre confĂ©rence DeuxiĂšme confĂ©rence VI. - Introduction Ă la mĂ©taphysique VII. - La philosophie de Claude Bernard. Discours prononcĂ© Ă la cĂ©rĂ©monie du Centenaire de Claude Bernard, au CollĂšge de France, le 30 dĂ©cembre 1913. VIII. - Sur le pragmatisme de William James. VĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© IX. - La vie et l'?uvre de Ravaisson Henri Bergson 1869-1941 La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences Paris Les Presses universitaires de France Collection BibliothĂšque de philosophie contemporaine. __ 1969, 294 pages Retour Ă la table des matiĂšres La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences. Avant-propos Retour Ă la table des matiĂšres Le prĂ©sent recueil comprend d'abord deux essais introductifs que nous avons Ă©crits pour lui spĂ©cialement, et qui sont par consĂ©quent inĂ©dits. Ils occupent le tiers du volume. Les autres sont des articles ou des confĂ©rences, introuvables pour la plupart, qui ont paru en France ou Ă l'Ă©tranger. Les uns et les autres datent de la pĂ©riode comprise entre 1903 et 1923. Ils portent principalement sur la mĂ©thode que nous croyons devoir recommander au philosophe. Remonter Ă l'origine de cette mĂ©thode, dĂ©finir la direction qu'elle imprime Ă la recherche, tel est plus particuliĂšrement l'objet des deux essais composant l'introduction. Dans un livre paru en 1919 sous le titre de L'Ănergie spirituelle nous avions rĂ©uni des essais et confĂ©rences » portant sur les rĂ©sultats de quelques-uns de nos travaux. Notre nouveau recueil, oĂč se trouvent groupĂ©s des essais et confĂ©rences » relatifs cette fois au travail de recherche lui-mĂȘme, sera le complĂ©ment du premier. Les Delegates of the Clarendon Press d'Oxford ont bien voulu nous autoriser Ă reproduire ici les deux confĂ©rences, si soigneusement Ă©ditĂ©es par eux, que nous avions faites en 1911 Ă l'UniversitĂ© d'Oxford. Nous leur adressons tous nos remerciements. H. B. La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences. I Introduction premiĂšre partie Croissance de la vĂ©ritĂ©. Mouvement rĂ©trograde du vrai. De la prĂ©cision en philosophie. - Les systĂšmes. - Pourquoi ils ont nĂ©gligĂ© la question du Temps. - Ce que devient la connaissance quand on y rĂ©intĂšgre les considĂ©rations de durĂ©e. - Effets rĂ©troactifs du jugement vrai. - Mirage du prĂ©sent dans le passĂ©. - De l'histoire et des explications historiques. - Logique de rĂ©trospection. Retour Ă la table des matiĂšres Ce qui a le plus manquĂ© Ă la philosophie, c'est la prĂ©cision. Les systĂšmes philosophiques ne sont pas taillĂ©s Ă la mesure de la rĂ©alitĂ© oĂč nous vivons. Ils sont trop larges pour elle. Examinez tel d'entre eux, convenablement choisi vous verrez qu'il s'appliquerait aussi bien Ă un monde oĂč il n'y aurait pas de plantes ni d'animaux, rien que des hommes ; oĂč les hommes se passeraient de boire et de manger ; oĂč ils ne dormiraient, ne rĂȘveraient ni ne divagueraient ; oĂč ils naĂźtraient dĂ©crĂ©pits pour finir nourrissons ; oĂč l'Ă©nergie remonterait la pente de la dĂ©gradation ; oĂč tout irait Ă rebours et se tiendrait Ă l'envers. C'est qu'un vrai systĂšme est un ensemble de conceptions si abstraites, et par consĂ©quent si vastes, qu'on y ferait tenir tout le possible, et mĂȘme de l'impossible, Ă cĂŽtĂ© du rĂ©el. L'explication que nous devons juger satisfaisante est celle qui adhĂšre Ă son objet point de vide entre eux, pas d'interstice oĂč une autre explication puisse aussi bien se loger ; elle ne convient qu'Ă lui, il ne se prĂȘte qu'Ă elle. Telle peut ĂȘtre l'explication scientifique. Elle comporte la prĂ©cision absolue et une Ă©vidence complĂšte ou croissante. En dirait-on autant des thĂ©ories philosophiques ? Une doctrine nous avait paru jadis faire exception, et c'est probablement pourquoi nous nous Ă©tions attachĂ© Ă elle dans notre premiĂšre jeunesse. La philosophie de Spencer visait Ă prendre l'empreinte des choses et Ă se modeler sur le dĂ©tail des faits. Sans doute elle cherchait encore son point d'appui dans des gĂ©nĂ©ralitĂ©s vagues. Nous sentions bien la faiblesse des Premiers Principes. Mais cette faiblesse nous paraissait tenir Ă ce que l'auteur, insuffisamment prĂ©parĂ©, n'avait pu approfondir les idĂ©es derniĂšres » de la mĂ©canique. Nous aurions voulu reprendre cette partie de son ?uvre, la complĂ©ter et la consolider. Nous nous y essayĂąmes dans la mesure de nos forces. C'est ainsi que nous fĂ»mes conduit devant l'idĂ©e de Temps. LĂ , une surprise nous attendait. Nous fĂ»mes trĂšs frappĂ© en effet de voir c ï»ż
Rédigé le 5 septembre 2007 1 minute de lecture travail en classe, note 6/7 Texte "Trop souvent nous nous représentons encore l'esperience comme destinée à nous apporter des faits bruts...Comme si le travail de généralisation consistait à venir, aprÚs coup, trouver un sens plausible à ce discours incohérent". Dans ce texte, la thÚse est sous entendue. D'ailleurs c'est la thÚse adverse qui est la plus développée. La thÚse de Bergson apparaßt plus clairement dans la troisiÚme partie de l'extrait soit dans la derniÚre partie. Examinons donc la thÚse qu'il réfute dans un premier temps . 1Úre partie "Trop souvent nous nous représentons...observer en serait une autre" . A ce moment, Bergson expose le mode de pensée que beaucoup adoptent, "trop souvent" indique la remise en question entre autre car beaucoup croient que l'experience et l'intelligence d'une personne suffisent à répondre aux problÚmes scientifiques. Ensuite Bergson réagit vivement à cela "rien de plus faux" dit-il car il est vain d'attendre "passivement" une parsonne capable de rassembler les faits correctement et en attendre alors qu'une vérité soir déduite. Finalement par une série d'exclamations et d'anaphores "comme si" on découvre la position de l'auteur "une observation scientifique est toujours la réponse à une question précise ou confuse." De plus il ajoute que sans observation scientifique les discours restent incohérents , ils n'auraient donc aucune valeur scientifique. La plateforme qui connecte profs particuliers et élÚves Vous avez aimé cet article ? Notez-le ! Olivier Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !
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Bergson dĂ©fend une thĂšse qui peut paraĂźtre surprenante sur lâart. Selon lui, lâart vise Ă nous faire prendre conscience de choses auxquelles nous nâavions pas prĂȘtĂ© attention jusque lĂ . Ces choses sont en nous et hors de nous. Il veut dire ainsi que nous allons prendre conscience ou faire lâexpĂ©rience, par exemple, dâune Ă©motion que nous nâavions encore jamais ressenti. Par exemple, grĂące Ă la littĂ©rature, je pourrais faire lâexpĂ©rience de ce que cela peut susciter comme Ă©motion de se sentir marginal et mĂ©prisĂ©. Lâart nous fait Ă©galement percevoir des choses hors de nous nous allons prendre conscience dâune certaine harmonie de couleurs et de formes. Nous allons prĂȘter attention Ă une certaine qualitĂ© ou intensitĂ© de la lumiĂšre dans le tableau et cela peut transformer notre façon de voir la lumiĂšre au quotidien. Pour Bergson, on peut dire que lâart rend visible et non crĂ©e de toute piĂšce des Ă©tats dâĂąmes parce que sâil sâagissait une pure invention de lâartiste, nous ne serions pas touchĂ©s par lâart. Or, quand lâartiste nous le montre cela nous apparaĂźt finalement comme une Ă©vidence et nous le comprenons. Bergson dĂ©fend donc lâidĂ©e que lâart nous rend plus sensibles et nous permet de vivre plus intensĂ©ment car nous percevons notre monde, notre vie et nos Ă©motions de maniĂšre infiniment plus riche et variĂ©e. Ă quoi vise lâart ? Sinon Ă montrer, dans la nature mĂȘme et dans lâesprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poĂšte et le romancier qui expriment un Ă©tat dâĂąme ne le crĂ©ent certes pas de toutes piĂšces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous nâobservions pas en nous, jusquâĂ un certain point, ce quâils nous disent dâautrui. Au fur et Ă mesure quâils nous parlent, des nuances dâĂ©motion et de pensĂ©e nous apparaissent qui pouvaient ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle lâimage photographique qui nâa pas encore Ă©tĂ© plongĂ©e dans le bain oĂč elle se rĂ©vĂ©lera. Le poĂšte est ce rĂ©vĂ©lateur [âŠ]. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. » Henri BERGSON, La pensĂ©e et le mouvant. Si vous avez aimĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă partager !
RĂ©sumĂ© Le but de cet article est de montrer que lâĂ©tude minutieuse du trajet de la notion de bon sens dans la pensĂ©e de Bergson, au croisement de rĂ©flexions sur le normal psychologique, les normes sociales, et lâaction morale, rĂ©vĂšle au sein de son Ćuvre un ensemble de profondes tensions entre la question de la nature de la santĂ© mentale et de celle de lâaptitude morale. Haut de page EntrĂ©es dâindex Haut de page Texte intĂ©gral 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 1La notion de bon sens, mentionnĂ©e explicitement dans la plupart des ouvrages de Bergson, depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusquâaux Deux sources de la morale et de la religion, ne constitue pas Ă proprement parler un concept central de la pensĂ©e bergsonienne, ne serait-ce quâen vertu du peu dâimportance qui lui est, quantitativement, accordĂ©. Cela dit, aprĂšs lâavoir examinĂ©e pour la premiĂšre fois en dĂ©tail dans le discours de remise des prix du concours gĂ©nĂ©ral prononcĂ© le 30 juillet 1895 et intitulĂ© Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson nâaura de cesse de revenir sur la dĂ©finition de cette notion et sur la description de la rĂ©alitĂ© Ă laquelle elle renvoie. LâĂ©tude de cette notion a donnĂ© lieu Ă des interprĂ©tations trĂšs diffĂ©rentes chez les commentateurs et il semble que cela soit dĂ» Ă deux facteurs premiĂšrement, cherchant pour la plupart Ă considĂ©rer la notion de bon sens comme un bloc homogĂšne malgrĂ© certaines contradictions manifestes entre les diffĂ©rents ouvrages, ils nâont pas assez pris en compte les Ă©volutions et modifications qui ont marquĂ© le trajet de la notion de bon sens dans le corpus bergsonien depuis le discours de 1895. DeuxiĂšmement, il semble que la plupart dâentre eux ait accordĂ© une trop faible importance Ă la distinction que Bergson opĂšre dans Les deux sources de la morale et de la religion, entre un bon sens ordinaire et un bon sens quâil dĂ©signe comme bon sens supĂ©rieur ». Ainsi, sans cĂ©der Ă la tentation de produire une exposition plus systĂ©matique de la doctrine et aussi lâapparence dâune clartĂ© supĂ©rieure »1, nous souhaiterions mettre en avant le fait que lâexamen attentif des variations subies par la notion de bon sens permet de mettre en lumiĂšre le trajet de la pensĂ©e de Bergson elle-mĂȘme en ce qui concerne la question de lâaction juste et plus largement, du champ de lâactivitĂ© morale. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, LâĂ©nergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, câest veiller, câest vivre la vie psy ... 2En effet on peut remarquer, dĂšs le discours de 1895, lâentrecroisement de deux lignes dans la dĂ©finition du bon sens il est posĂ© Ă la fois comme une santĂ© mentale, comme le bon fonctionnement de lâesprit qui permet son adaptation souple, sa disponibilitĂ© Ă lâĂ©gard dâune rĂ©alitĂ© se renouvelant sans cesse, mais aussi comme un instrument, avant tout, de progrĂšs social »2, mu par ce que Bergson dĂ©signe comme lâesprit de justice ». Cette binaritĂ© est reprise dans la lettre Ă O. GĂ©rard, prĂ©ambule du discours dans lâĂ©dition des MĂ©langes le bon sens est la facultĂ© de raisonner juste, non seulement sur ses propres affaires, mais encore et surtout sur celles du pays »3, le bon sens Ă©tant caractĂ©risĂ© Ă la fois par la justesse de son adaptation et la justice de son action. Or, il apparaĂźt trĂšs vite que les ouvrages immĂ©diatement ultĂ©rieurs ne reprennent et nâapprofondissent que la premiĂšre dimension de cette dĂ©finition, faisant du bon sens une forme originale de santĂ© mentale, pensĂ©e comme effort et comme Ă©quilibre. Ă partir du Rire puis dans lâĂvolution crĂ©atrice, cette caractĂ©risation du bon sens comme vie psychologique normale »4 sâenrichit dâune rĂ©flexion sur la dimension proprement sociale de la rĂ©alitĂ© humaine le bon sens, sens social dĂ©fini comme souple disponibilitĂ© Ă lâĂ©gard de la fluiditĂ© des Ă©changes humains, intĂšgre Ă prĂ©sent un certain nombre de normes et de paramĂštres sociaux dans son fonctionnement. Câest cette dĂ©pendance du normal psychologique Ă lâĂ©gard des normes sociales que nous envisagerons dans un premier temps. 3Câest seulement dans Les deux sources de la morale et de la religion, sur la base dâune rĂ©flexion sociologique renouvelĂ©e qui distingue Ă prĂ©sent deux types de sociĂ©tĂ©s câest-Ă -dire, deux types de rapports entre individus et normes sociales et deux types de justices, que le bon sens retrouve la dimension morale comme facteur de progrĂšs social produisant des actions justes que le discours lui prĂȘtait. Mais ce retour ne se fait quâau prix de la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire qui permet, certes, de rĂ©soudre les difficultĂ©s posĂ©es par le discours de 1895, en expliquant par le bon sens supĂ©rieur » la possibilitĂ© dâune action crĂ©atrice de normes, mais qui semble cependant remettre en question la dĂ©finition du normal psychologique donnĂ©e prĂ©cĂ©demment, ou qui suggĂšre tout du moins lâexistence dâun conflit latent entre la morale et le normal dans la pensĂ©e bergsonienne. Nous examinerons donc en second lieu cette distinction capitale, qui met dâautant plus en jeu le rapport de la dĂ©finition du normal » Ă la problĂ©matique morale selon laquelle lâindividu moral, le mystique, est un individu anormal en au moins deux sens, qui se trouvaient au cĆur du bon sens ordinaire dâune part, en Ă©chappant Ă lâĂ©goĂŻsme et la loi du talion qui prĂ©valent dans la sociĂ©tĂ© close, il ne sâadapte plus aux normes sociales mais les modifie ; et dâautre part, sa singularitĂ© sâexprime par des manifestations pathologiques, quâelles soient appelĂ©es dĂ©lire mystique ou perceptions anormales ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, Ćuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [lâimpulsif ... 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă la vie », Ćuvres, op. cit., p. 475 ... 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296â302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127â128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous ... 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore nâattribuer Ă lâaliĂ©nation que des causes biologique ... 4 Un bref examen du bon sens tel quâil est caractĂ©risĂ© depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusquâĂ lâĂvolution crĂ©atrice permet de voir combien le normal, la santĂ© mentale quâil incarne, est dĂ©terminĂ© par les exigences vitales et sociales Ă partir de MatiĂšre et MĂ©moire, le bon sens apparaĂźt en effet Ă la fois comme un Ă©quilibre psychologique entre deux tendances ennemies de lâaction, la tendance corporelle Ă lâautomatisme et la tendance spirituelle au rĂȘve5, et comme effort dâattention Ă la rĂ©alitĂ©6. Il est en effet prĂ©sentĂ© comme une tension visant Ă tenir Ă Ă©gale distance les souvenirs issus des deux pĂŽles opposĂ©s du moi que sont la mĂ©moire corporelle et la mĂ©moire pure et qui cherchent Ă sâinsĂ©rer dans la perception prĂ©sente. Agissant en amont du travail discriminant de la conscience en laiss[ant] tous les souvenirs dans le rang »7, le bon sens dĂ©blaie le terrain Ă partir duquel celle-ci sĂ©lectionnera, en sâappuyant sur les formes motrices, la schĂ©matisation des souvenirs purs, les lois du rappel et la condition gĂ©nĂ©rale de ressemblance, le souvenir apte Ă sâintĂ©grer profitablement Ă la perception prĂ©sente pour lâinformer. En tant que sens pratique », il est gage de souplesse dans la prise en compte de la rĂ©alitĂ© prĂ©sente et muselle la tendance Ă agir mĂ©caniquement, sous lâimpulsion de la reconnaissance automatique quâa la mĂ©moire habitude des idĂ©es gĂ©nĂ©rales »8 dans la perception. En tant que sens du rĂ©el »9, il est liĂ© Ă la veille et est un effort de tension contre lâĂ©vasement, la diffusion des souvenirs purs qui caractĂ©rise la dĂ©rive pathologique de Don Quichotte, en qui la mĂ©moire pure a pris lâascendant et qui, au lieu dâutiliser ses souvenirs pour percevoir de maniĂšre adaptĂ©e, se sert au contraire de ce quâil perçoit pour donner un corps au souvenir prĂ©fĂ©rĂ© »10. En tant quâ oubli rĂ©glementĂ© et durable, [âŠ] art de liquider son passĂ© »11, le bon sens sâinsĂšre dans une conception du normal fondĂ©e sur lâidĂ©e que la santĂ© mentale rĂ©sulte dâun effort de tension qui sâĂ©carte donc par degrĂ©s du pathologique qui peut rĂ©sulter alors dâune forme de paresse psychologique telle quâelle a Ă©tĂ© identifiĂ©e par Pierre Janet chez les psychasthĂ©niques12, telle quâelle sâexprime surtout Ă partir de lâEnergie spirituelle13. Par cet effort de tension, lâindividu se rend capable de fournir une rĂ©ponse ajustĂ©e aux circonstances et Ă ce que requiert la situation, le bon sens est donc liĂ© aux exigences vitales qui dĂ©terminent lâadaptation de lâindividu, la survie individuelle. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de lâu ... 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 5MĂȘme si Bergson distinguait dĂ©jĂ dans le discours de 1895 le milieu naturel, domaine dâaction des sens, du milieu social », domaine dâaction du bon sens, câest seulement Ă partir du Rire quâil entame une analyse de la dimension proprement sociale de lâexistence, et câest aussi dans cet ouvrage que le bon sens, dont lâopposĂ© est dĂ©sormais le comique [qui] exprime avant tout une certaine inadaptation particuliĂšre de la personne Ă la sociĂ©tĂ© »14, se prĂ©cise sous lâaspect dâune adaptation au rĂ©el dans sa dimension sociale. Cet aspect de la notion se retrouve, trĂšs fortement accentuĂ©, dans Les deux sources, oĂč le bon sens est non seulement dĂ©crit comme sens social » mais encore caractĂ©risĂ© comme innĂ© Ă lâhomme normal »15 cette innĂ©itĂ© qui Ă©quivaut Ă la prĂ©figuration de la sociĂ©tĂ© dans lâindividu »16, sâexplique par la nĂ©cessitĂ© pour la nature de donner Ă lâhomme des directives, au moins gĂ©nĂ©rales, pour la coordination de sa conduite Ă celle de ses semblables »17. Aussi, sâil nây a nul doute que notre structure psychologique ne tienne Ă la nĂ©cessitĂ© de conserver et de dĂ©velopper la vie individuelle et sociale »18, cela signifie que le bon sens embrasse dans sa comprĂ©hension de la situation prĂ©sente la comprĂ©hension des normes qui rĂ©gissent lâagir en sociĂ©tĂ© et, par consĂ©quent, que celles-ci sâintĂšgrent Ă ce qui fait chez Bergson la santĂ© mentale. Ainsi, le dĂ©lire dâinterprĂ©tation » qui se caractĂ©rise par une incapacitĂ© Ă comprendre le comportement dâautrui, rĂ©sulterait, selon Les deux sources, dâun dĂ©faut de bon sens qui sâexpliquerait in fine par une insuffisance psychique [âŠ] congĂ©nitale »19. Le bon sens prend donc ici les traits dâune prĂ©disposition Ă sâadapter avec fluiditĂ© aux impĂ©ratifs sociaux, câest-Ă -dire dâune souplesse adaptative prĂ©dĂ©terminĂ©e, point qui marque sans conteste une originalitĂ© de la pensĂ©e biologique et sociologique bergsonienne. 20 Le Rire, op. cit., p. 457â458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 6DĂ©jĂ , Ă travers les mutations subies entre lâEssai et le Rire par la notion de caractĂšre » qui devient dans le Rire ce quâil y a de tout fait dans notre personne, ce qui est en nous Ă lâĂ©tat de mĂ©canisme une fois montĂ©, capable de fonctionner automatiquement »20, apparaĂźt une tension entre lâidĂ©e, exprimĂ©e dans le discours, que le bon sens aurait partie liĂ©e avec la libertĂ© du moi telle quâelle Ă©tait Ă©voquĂ©e par lâEssai, et sa dĂ©finition comme capacitĂ© de souple adaptation sociale dans le Rire. En effet, il faut remarquer non seulement que cette adaptation Ă la mouvance de la rĂ©alitĂ© sociale aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jugĂ©e automatique du point de vue de lâEssai en tant quâĂ©manant des couches superficielles du moi comme dans le fameux exemple du rĂ©veil, mais encore que la critique de lâautomatisme dans le Rire effectue un renversement puisquâelle nâest plus tournĂ©e contre ce quâune action peut avoir dâimpersonnel mais bien contre ce quâelle peut avoir de trop personnel au dĂ©triment dâune prise en compte des autres est comique le personnage qui suit automatiquement son chemin sans se soucier de prendre contact avec les autres »21 et qui nĂ©glige de regarder autour de soi »22. Sâil est possible de considĂ©rer, pour rĂ©soudre cette tension, que le bon sens a partie liĂ©e avec la transition du moi profond vers le moi superficiel, nĂ©cessaire Ă lâinsertion de lâesprit dans la matiĂšre en amont de lâinsertion dans une situation sociale, il nâempĂȘche quâelle apparaĂźtra Ă nouveau dans la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur, sous la forme dâune tension entre une impulsion venue du moi profond et sâimposant Ă lâextĂ©rieur et une impulsion venue de lâextĂ©rieur sâimposant, en le solidifiant, au moi profond. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discour ... 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452â453. 7Si la description du bon sens ordinaire a mis hors-jeu la problĂ©matique de la justice et de lâaction morale en charge du progrĂšs social telle quâelle Ă©tait exprimĂ©e dans le discours de 1895 et qui rappelait le lien Ă©tabli par Descartes entre bon sens et recherche dâune vĂ©ritĂ© pratique23, câest prĂ©cisĂ©ment dâune part parce que le principe selon lequel le vital engendrerait le social qui engendrerait Ă son tour le normal, que Bergson pose au fondement mĂȘme de sa dĂ©finition de la santĂ© mentale, contribue Ă substituer Ă la problĂ©matique de la justice de lâaction celle de la justesse de lâadaptation. Dâautre part, cela est incontestablement liĂ© Ă lâexamen du fonctionnement de la vie sociale auquel Bergson se livre dans Le Rire puis dans Les deux sources, et qui lui a permis dâaffirmer dĂšs le premier de ces ouvrages quâ ĂȘtre en rĂšgle avec la stricte morale » nâa rien Ă voir avec le fait de se mettre en rĂšgle avec la sociĂ©tĂ© »24 le bon sens, devenu facultĂ© dâadaptation souple au rĂ©el social et dâinsertion bien ajustĂ©e dans le tissu humain, apparaĂźt dĂ©finitivement liĂ© Ă cette seconde opĂ©ration. Reste Ă prĂ©sent Ă examiner, sur la base mĂȘme de cette dĂ©finition de la santĂ© mentale et de son lien avec la vie sociale, comment la notion de bon sens supĂ©rieur se trouve au cĆur dâun renversement de la pensĂ©e bergsonienne prenant corps dans Les deux sources et qui a pour but de rendre possible lâaction morale. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sourc ... 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 8Câest parce que le bon sens est au cĆur de la rĂ©flexion bergsonienne sur le rapport de lâindividu aux normes sociales et sur la justice que lâĂ©tude de cette notion permet dâaborder sous un jour nouveau lâitinĂ©raire et lâĂ©volution de la pensĂ©e bergsonienne concernant lâaction juste. Cette problĂ©matique, laissĂ©e de cĂŽtĂ© de MatiĂšre et MĂ©moire Ă lâĂvolution crĂ©atrice, rĂ©apparaĂźt dans Les deux sources et la plupart de ce qui Ă©tait posĂ© Ă titre de postulat dans le discours de 1895 y est repris, repensĂ© et intĂ©grĂ© Ă la problĂ©matique plus vaste dâune rĂ©flexion sur les rapports qui unissent morale et sociĂ©tĂ©. Le discours de 1895 apparaĂźt donc comme un programme, un ensemble dâintuitions abandonnĂ©es en lâabsence dâun appareillage conceptuel suffisant. Il est important de souligner les correspondances qui existent entre les deux Ćuvres pour mieux comprendre ce qui explique lâabandon puis la reprise de la problĂ©matique morale dans la dĂ©finition de la notion de bon sens dans lâĆuvre de Bergson. Ainsi, lâidĂ©e dâune action de bon sens orientĂ©e vers le progrĂšs de lâensemble de la sociĂ©tĂ© Ă©tait soutenue dans le discours par le pressentiment dâun lien unissant principe de la vie et capacitĂ© Ă produire des actions justes et progressistes de la part de lâindividu de bon sens. Bergson y affirmait en effet de la notion de bon sens si elle porte ainsi avec elle lâintelligence de la vie, câest sans doute quâelle en a touchĂ© le principe »25, cette idĂ©e essentielle dâun fondement de la morale dans la prise de contact avec le principe de la vie se retrouve dans Les deux sources oĂč Bergson Ă©voque au sujet des agents du progrĂšs humain lâaction de lâĂ©lan de la vie, cet Ă©lan mĂȘme, communiquĂ© intĂ©gralement Ă des privilĂ©giĂ©s qui voudraient alors lâimprimer Ă lâhumanitĂ© entiĂšre »26. Et de fait, Ă lâidĂ©e exprimĂ©e dans le discours selon laquelle il est rare que la nature produise spontanĂ©ment une Ăąme affranchie et maĂźtresse dâelle-mĂȘme, une Ăąme accordĂ©e Ă lâunisson de la vie »27, rĂ©pond lâaffirmation des Deux sources selon laquelle les mystiques et les ĂȘtres novateurs constituent en eux-mĂȘmes une espĂšce nouvelle composĂ©e dâun individu unique »28. En outre, la dĂ©finition du bon sens comme ignorance consciente dâelle-mĂȘme »29 dans le discours de 1895 trouve un Ă©cho dans la dĂ©finition du bon sens supĂ©rieur donnĂ©e dans les Deux sources comme innocence acquise », Bergson ajoutant dans les deux cas que cette ignorance doit sâaccompagner dâun effort. LĂ nâest sans doute pas pourtant le plus important en effet, la principale difficultĂ© du discours est lâaffirmation selon laquelle le bon sens produit irrĂ©mĂ©diablement les actions les plus justes possibles30 dans un contexte donnĂ©, sans quâil consiste pourtant ni dans une expĂ©rience plus vaste, ni dans des souvenirs mieux classĂ©s, ni mĂȘme, plus gĂ©nĂ©ralement, dans une logique plus rigoureuse »31, arguant quâil choisit la meilleure solution Ă une situation donnĂ©e parce quâil peut en prĂ©voir [l]es consĂ©quences, ou plutĂŽt les pressentir »32. La question de lâinfaillibilitĂ© morale de lâaction de bon sens est finalement abordĂ©e Ă nouveau par Bergson lorsquâil Ă©voque dans Les deux sources le bon sens supĂ©rieur des mystiques, en termes de discernement prophĂ©tique du possible et de lâimpossible »33 qui fournit du premier coup la dĂ©marche utile, lâacte dĂ©cisif, le mot sans rĂ©plique »34. De plus, on retrouve enfin clairement exprimĂ©e lâidĂ©e que le bon sens est, comme on pouvait le lire dans le discours, un instrument de progrĂšs social »35, puisque Bergson, qui fait du bon sens supĂ©rieur lâapanage des mystiques, gratifie ceux-ci dâune capacitĂ© essentielle Ă pousser lâhumanitĂ© en avant »36. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de p ... 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175â176. 9Si Bergson, aprĂšs le discours, avait Ă©cartĂ© au profit dâune rĂ©flexion sur la santĂ© mentale cette problĂ©matique de lâaction morale quâil retrouvera dans Les deux sources, câest peut ĂȘtre Ă cause de lâinsuffisance des outils conceptuels dont il disposait en matiĂšre dâanalyse des rapports entre morale et sociĂ©tĂ© en 1895, dans la mesure oĂč il nâavait pas analysĂ© les liens que la sociĂ©tĂ© entretient avec le dĂ©veloppement dâune morale. En effet, la rĂ©flexion sociologique qui sous-tend le discours de 1895 semble assez irrĂ©aliste poussĂ©e jusquâau bout, elle implique que, nâĂ©tait le pouvoir pĂ©trificateur de lâintelligence, lâensemble de la sociĂ©tĂ©, guidĂ© par le bon sens, agirait toujours non seulement de maniĂšre parfaitement adaptĂ©e Ă la situation prĂ©sente mais encore toujours en vue du plus grand bien et du plus grand progrĂšs social, Ă©tant constamment animĂ© par lâ esprit de justice »37. Cette conception optimiste qui attribue comme principe Ă la vie sociale ce mĂȘme esprit de justice », puisquâon ne peu[t] [s]e reprĂ©senter ces volontĂ©s associĂ©es sans une fin derniĂšre raisonnable »38, a cĂ©dĂ© le pas dans les Ćuvres ultĂ©rieures Ă une analyse de lâorigine vitale de la vie sociale orientĂ©e vers la survie de lâespĂšce et qui dĂ©termine, par ses normes, lâapprĂ©hension du rĂ©el il semble donc que ce soit une modification au sein mĂȘme de la rĂ©flexion bergsonienne sur la sociĂ©tĂ©, ses normes, et le rapport des individus Ă ces normes, qui a dĂ» prĂ©sider au destin de la notion de bon sens dans son Ćuvre. Si le discours de 1895 distinguait en passant une justice abstraite » dâune justice incarnĂ©e dans lâhomme juste »39 la premiĂšre Ă©tant discrĂ©ditĂ©e au profit de la seconde, pour pouvoir penser lâacte vĂ©ritablement moral, cette distinction nâĂ©tait pas assez prĂ©cise, ne sâappuyant pas sur lâarriĂšre-plan sociologique Ă©laborĂ© dans Les deux sources qui seul permet, en distinguant la sociĂ©tĂ© close de la sociĂ©tĂ© ouverte, de distinguer par lĂ mĂȘme deux vĂ©ritables types de justices une justice relative et une justice absolue. Câest cette distinction qui permet en effet de rĂ©soudre le paradoxe du bon sens comme Ă©tant Ă la fois un sens de lâadaptation au rĂ©el social mais aussi une aspiration innĂ©e au progrĂšs au sein de chaque individu, puisquâelle permet de lier la premiĂšre tendance Ă la justice relative, celle dont le fondement est Ćil pour Ćil, dent pour dent et qui sâexprime dans la dimension close de la sociĂ©tĂ© puisque la raison dâĂȘtre de la morale close est, comme lâont soulignĂ© certains, lâadaptation de lâindividu40. La seconde est dĂ©sormais liĂ©e Ă une justice absolue, qui fonde une morale de lâaspiration, elle-mĂȘme visant lâavĂšnement dâune sociĂ©tĂ© ouverte. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 10En outre, dans Les deux sources, Bergson expose une double conception du rapport de lâindividu aux normes sociales en ce qui concerne la sociĂ©tĂ© de type clos, les normes sociales agissent sur lâindividu dans la mesure oĂč elles poussent son moi profond Ă se solidifier en sâextĂ©riorisant, processus auquel, nous lâavons vu, le bon sens ordinaire nâest pas Ă©tranger, mais lâidĂ©e dâune sociĂ©tĂ© ouverte permet de briser le cercle dans lequel tournoie lâespĂšce humaine, prise dans la circularitĂ© close, en permettant de penser lâinfluence de lâindividu dâexception, ayant presque par miracle Ă©chappĂ© Ă lâobsession de lâutilitĂ© vitale, sur la sociĂ©tĂ©, par le biais de la crĂ©ation de valeurs morales. Ă un mouvement passif de rĂ©ception et dâintĂ©gration des normes afin de bien sâinsĂ©rer dans le rĂ©el, analysĂ© dans le Rire et lâĂvolution crĂ©atrice, peut succĂ©der un mouvement de projection hors de soi qui modifie en retour le rĂ©el, mouvement requis par les thĂšses du discours de 1895. La distinction entre une sociĂ©tĂ© close et une sociĂ©tĂ© ouverte est ce qui permet Ă Bergson de comprendre Ă nouveau le bon sens comme une poussĂ©e vers le progrĂšs moral guidĂ©e, comme le voulait le discours de 1895, par lâesprit de justice qui lui montre les injustices Ă corriger et le bien Ă faire »41. En effet, le bon sens supĂ©rieur recherche non pas lâadaptation Ă des normes prĂ©existantes en vue de favoriser la survie individuelle, mais bien une action en retour sur la sociĂ©tĂ©, lâĂ©tablissement de normes radicalement nouvelles dont le principe est dĂ©sormais le contraire de celui dâutilitĂ©, Ă savoir la justice absolue fondĂ©e sur lâamour. Le bon sens supĂ©rieur, loin de recevoir passivement une stimulation Ă lâaction Ă©manant des impĂ©ratifs vitaux et sociaux de la situation prĂ©sente, loin de fournir seulement une rĂ©ponse aux questions posĂ©es par son environnement, prĂ©cĂšde toute sollicitation extĂ©rieure et vise Ă imposer dans la rĂ©alitĂ© commune la rĂ©ponse Ă une sollicitation Ă©manant du fond de lâindividu. Il est ainsi un goĂ»t de lâaction » mis en jeu lorsque le mystique choisit de diffuser son esprit dans la matĂ©rialitĂ© et est encore, Ă ce titre, comme le bon sens ordinaire, une capacitĂ© de sâadapter et se rĂ©adapter »42 Ă la mouvance du rĂ©el. Cependant sa visĂ©e nâest plus lâajustement aux exigences vitales mais bien, comme le voulait le discours, la production de la plus grande somme de bien »43. Ce nâest quâau prix de la transformation du bon sens en un bon sens supĂ©rieur, appuyĂ© sur une justice absolue et non plus relative, et supĂ©rieur » puisquâentre temps le bon sens avait Ă©tĂ© dĂ©fini comme santĂ© mentale, que Bergson a pu en 1932 retrouver ce quâil avait seulement supposĂ© en 1895. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de lâĂ©ducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă conduire le ... 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [âŠ] s ... 46 Ibid., p. 1060. 11Si elle permet de valider, par-delĂ lâanalyse du bon sens comme santĂ© mentale, les conclusions du discours de 1895, la distinction entre bon sens ordinaire, conduite sociale normale, et bon sens supĂ©rieur, conduite morale modifiant les normes sociales, est aussi lâannonce dâun changement dans la pensĂ©e morale bergsonienne. En effet, Ă prĂ©sent, seul un nombre restreint de personnalitĂ©s gĂ©niales possĂšde le pouvoir de faire progresser la sociĂ©tĂ© que le discours de 1895 attribuait, Ă travers le bon sens comme santĂ© de lâesprit, Ă chaque individu, Ă quelques degrĂ©s prĂšs de dispositions44. Ainsi, lâhumanitĂ© ordinaire est rĂ©duite, en ce qui concerne la vĂ©ritable morale, Ă un rĂŽle passif dâimitation des grands modĂšles45, imitation qui devient dĂšs lors, pour elle, le fondement de lâaction morale et juste pour qui est dĂ©pourvu de gĂ©niale crĂ©ativitĂ© cette passivitĂ© est tout juste corrigĂ©e par lâidĂ©e que cette imitation peut aussi se faire communication de lâĂ©lan et ĂȘtre lâoccasion dâune Ă©closion puisquâil peut y avoir en nous un mystique qui sommeille et qui attend seulement une occasion de se rĂ©veiller »46. Si le bon sens du discours trouve sa formulation finale dans le bon sens supĂ©rieur, alors lâespoir en un homme nouveau est interdit, puisque seule une Ă©lite morale, celle des mystiques et des ĂȘtres dotĂ©s du bon sens supĂ©rieur, peut constituer une espĂšce nouvelle, chaque fois rĂ©duite Ă un individu unique. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur lâanalyse de la rupture dâ ... 48 Cf. Aristote, Ethique Ă Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 12Le postulat de lâinfaillibilitĂ© du bon sens Ă toujours produire lâaction la plus juste, repris du discours dans Les deux sources, demande Ă ĂȘtre interrogĂ©, et la question du fondement de la justice de lâaction se pose dâautant plus Ăąprement que, dans Les deux sources, Bergson rejette fermement aussi bien la tentative kantienne de fonder la morale dans la logique ou ce quâil voit comme tel47 que les thĂ©ories de type platonicien faisant dĂ©river la justice de lâidĂ©e de Bien. En tant quâinstance poussant Ă accomplir irrĂ©mĂ©diablement lâaction la plus juste, il pourrait rappeler lâeustochia aristotĂ©licienne, ou la justesse de coup dâĆil »48 portĂ© sur la situation, qui se passe de raisonnement, cependant, le fait que Bergson refuse de faire dĂ©river le bon sens de lâhabitude ou de lâexpĂ©rience contredit ce rapprochement. Notons en tout cas que le fondement de lâexcellence de lâaction de bon sens semble reposer, suivant un schĂ©ma tout aristotĂ©licien, sur lâexcellence de lâagent qui dispose dâun bon sens supĂ©rieur, quâelle contribue Ă exprimer en retour. Dans la mesure mĂȘme oĂč lâaspiration essentiellement morale du mystique ou du hĂ©ros prĂ©cĂšde sa tendance Ă accomplir des actions morales, et que la crise mystique nâest pas lâexpression du bon sens supĂ©rieur mais ce qui prĂ©cĂšde son apparition, câest en dĂ©finitive de lâexcellence morale ou aspiration Ă la justice absolue que dĂ©rive la justice de lâaction rĂ©alisĂ©e par le bon sens supĂ©rieur. Or dans la mesure oĂč le bon sens supĂ©rieur se caractĂ©rise par un certain dĂ©tachement Ă lâĂ©gard des exigences biologiques Ă©goĂŻstement utilitaires Ă la fois vitales et sociales dans leur dimension close, dĂ©tachement liĂ© au fait que, mĂȘme si nous trouvons [la sociĂ©tĂ©] prĂ©sente en nous », sa prĂ©sence est plus ou moins marquĂ©e selon les individus »49, lâapparition de lâaspiration morale est due, comme le souligne Bergson, Ă une sorte de hasard vital comparable Ă celui qui prĂ©side, dans le Rire, Ă lâapparition des artistes50. Si la justesse de son ajustement Ă la situation prĂ©sente est encore le signe du lien quâentretient le bon sens supĂ©rieur avec les exigences vitales circulaires de la survie en sociĂ©tĂ© close, la justice de ce quâil vise Ă produire a partie liĂ©e avec le vital au sens de la constante marche de lâĂ©lan, procĂ©dant par bonds, vers la crĂ©ation dâune sociĂ©tĂ© ouverte. Câest en cela que le bon sens supĂ©rieur est rĂ©vĂ©lateur au sein de la pensĂ©e bergsonienne de ce quâon pourrait appeler la contradiction du vital », câest-Ă -dire la coexistence en son sein de lâĂ©lan et de la retombĂ©e. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă la partie la plus intime de lui-mĂȘme que lâindividu retrouve quand ... 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 13Cette contradiction logĂ©e au cĆur de la distinction entre les deux bons sens se retrouve dans lâexpression de contradiction rĂ©alisĂ©e », employĂ©e par Bergson pour dĂ©signer la capacitĂ© des mystiques Ă convertir en effort crĂ©ateur cette chose créée quâest une espĂšce, faire un mouvement de ce qui est par dĂ©finition un arrĂȘt »51. Si lâaspiration morale, qui brise le cercle dans lequel tournent les individus et la sociĂ©tĂ© close, est encore une expression du vital, câest que celui-ci a Ă©tĂ© redĂ©fini entre lâĂvolution crĂ©atrice et Les deux sources, passant dâun Ă©lan vers la vie sociale Ă un Ă©lan qui contient lui-mĂȘme un germe moral, puisque selon le dernier ouvrage toute morale [âŠ] est dâessence biologique »52 et que le contact avec le principe vital est devenu la seule source oĂč puiser la force dâaimer lâhumanitĂ© »53. Si lâeffort qui prĂ©side Ă ce contact est dĂ©crit par Bergson comme effort en sens inverse de la nature, câest dans la mesure oĂč la natura naturans effectue sa poussĂ©e contre lâinertie de la natura naturata ainsi, la morale de lâaspiration qui unit les individus dâun bon sens supĂ©rieur est dite rendre lâindividu Ă sa destination naturelle en le rendant crĂ©ateur, en accord avec lâunivers dans sa dimension de machine Ă faire des dieux »54. Par consĂ©quent, la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire, tous les deux naturels en ces deux sens opposĂ©s, exprime la spĂ©cificitĂ© de lâespĂšce humaine en laquelle coexistent, en tant quâelle est une espĂšce sociale, Ă©lan tension vers la sociĂ©tĂ© ouverte Ă travers des personnalitĂ©s gĂ©niales et retombĂ©e tendance Ă la clĂŽture. Câest dans un rapport croisĂ© entre le moi » et la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et sociale que sâexprime lâentrecroisement de ces deux naturels ainsi, le bon sens supĂ©rieur, qui favorise lâaction en direction du progrĂšs de tous, est naturel dans la mesure oĂč il naĂźt dâun contact avec la rĂ©alitĂ© mouvante qui fait le fond des choses et les couches profondes du moi, ce quâil y a de plus personnel, tandis que le bon sens ordinaire, qui vise un but essentiellement individuel lâadaptation en vue de la survie, est le produit dâune solidification naturelle du moi par le biais de normes et de processus dâadaptation essentiellement impersonnels exerçant une force dâinertie, ou plutĂŽt entraĂźnant dans un mouvement circulaire. Si la crise mystique qui prĂ©cĂšde lâapparition du bon sens supĂ©rieur nâest pas sans rappeler lâexplosion crĂ©atrice du moi dâen bas, dans lâEssai, câest peut-ĂȘtre parce quâelle constitue la forme finale prise par lâacte libre dans la pensĂ©e bergsonienne, dans la mesure oĂč elle est pensĂ©e Ă partir de la prise en compte de la pression fondamentale que la sociĂ©tĂ© exerce sur la constitution mĂȘme de lâindividu Ă laquelle participe le bon sens ordinaire qui nâavait pas encore Ă©tĂ© analysĂ©e au moment de lâEssai55. Exprimant les deux sens de la nature en lâhomme, la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur rĂ©pond finalement Ă la constatation de ce que la morale comprend [âŠ] deux parties distinctes, dont lâune a sa raison dâĂȘtre dans la structure originelle de la sociĂ©tĂ© humaine et dont lâautre trouve son explication dans le principe explicatif de cette structure »56. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 14Cette distinction permet Ă©galement de rĂ©soudre le problĂšme du rapport du bon sens Ă la pratique artistique câest le bon sens supĂ©rieur, qui rĂ©sulte dâun contact avec le principe crĂ©ateur de la vie et produit des actes moraux prenant Ă leur tour la forme de crĂ©ations Ă la fois de normes nouvelles et dâun nouveau moi, qui est dans la vie pratique, ce que le gĂ©nie est dans les sciences et les arts »57 selon la formule du discours, et câest le bon sens ordinaire qui, Ă©tant liĂ© Ă la perception utilitaire de la rĂ©alitĂ© quâil contribue Ă morceler avec souplesse, sâoppose Ă la pratique artistique comme au rĂȘve, selon les analyses du Rire. 58 P. Janet, De lâangoisse Ă lâextase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De lâangoisse Ă lâextase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 15La question de savoir si la supĂ©rioritĂ© morale ne peut surgir que dâun effort dirigĂ© contre le bon sens ordinaire, antĂ©rieurement dĂ©fini comme Ă©tat normal de lâesprit humain et santĂ© psychologique, et ses prĂ©occupations utilitaires, engage la viabilitĂ© de la morale bergsonienne. En effet, si la santĂ© mentale dâun individu est liĂ©e Ă sa disponibilitĂ© passive Ă lâĂ©gard de lâenvironnement social et si le fondement de lâaspiration morale qui gĂ©nĂšre le bon sens supĂ©rieur est la libĂ©ration Ă lâĂ©gard de lâutilitĂ© vitale et des normes sociales, alors apparaĂźt la possibilitĂ© dâun conflit sous-jacent dans la pensĂ©e bergsonienne entre les dĂ©finitions de lâindividu normal et de lâindividu moral. En ce qui concerne la problĂ©matique de la santĂ© mentale, le principal interlocuteur, ou adversaire, de Bergson est Pierre Janet qui a pour ambition, dans De lâangoisse Ă lâextase, de mettre Ă jour la racine pathologique du dĂ©lire mystique quâil apparente Ă un trouble psychasthĂ©nique. Ă ce titre, il note que les croyances brutales » de sa patiente Madeleine, quâil compare Ă ThĂ©rĂšse dâAvila, prĂ©sentent en maints endroits des contradictions et ne tiennent aucun compte des rĂšgles vulgaires du bon sens »58, la principale caractĂ©ristique du discours mystique Ă©tant pour lui dâĂȘtre une pensĂ©e en rĂ©gression, analogue Ă celle des petits enfants et des sauvages »59. Pour lui rĂ©pondre, Bergson tente dâabord de distinguer lâanormal de lâextraordinaire, puis finit par admettre quâen tant que passage Ă lâextraordinaire câest-Ă -dire au dynamique et Ă lâouvert, la violence mĂȘme du processus de libĂ©ration mystique peut gĂ©nĂ©rer lâapparition de symptĂŽmes anormaux au sens de morbides et dĂ©ranger les rapports habituels entre conscient et inconscient »60. Il est intĂ©ressant de constater que câest de la prĂ©sence, chez les mystiques, du bon sens supĂ©rieur sous la forme dâun goĂ»t de lâaction », câest-Ă -dire de ce par quoi le bon sens supĂ©rieur ressemble au bon sens ordinaire, que Bergson cherche Ă tirer argument pour justifier la santĂ© mentale des mystiques contre Janet. Mais, comme le note celui-ci contre lâidĂ©e que la foisonnante activitĂ© des mystiques serait le signe de leur santĂ© mentale lâĂ©tat proprement psychasthĂ©nique nâest pas constant et un malade [âŠ] peut ĂȘtre en dehors de ces crises assez actif et persĂ©vĂ©rant pour accomplir des Ćuvres intĂ©ressantes »61. Mais lâoriginalitĂ© du bon sens supĂ©rieur est dâunir, dans le prolongement de la crise mĂȘme » au sens oĂč lâentend Janet, lâajustement de lâaction au rĂ©el et la visĂ©e plus haute inspirĂ©e par lâamour. Câest pourquoi Bergson va plus loin dans sa rĂ©ponse et avance que le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle solidement assise, exceptionnelle, qui se reconnaĂźt sans peine »62. Et, en effet, si lâon considĂšre que lâaspiration morale est une forme de santĂ© dans la mesure oĂč elle est contact avec lâĂ©lan vital, nature naturante supĂ©rieure Ă la circularitĂ© de la nature naturĂ©e, et, dans la mesure oĂč cette santĂ© est rĂ©servĂ©e Ă une Ă©lite, alors se comprend le fait quâil existe une santĂ© mentale en un sens non mĂ©taphorique se caractĂ©risant par lâexception et non par la moyenne cette santĂ© est normale en un sens normatif sans ĂȘtre normal en un sens statistique. Mais si le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle », de quel genre dâĂ©tat mental sâagit-il ? Lâintelligence Ă laquelle Bergson fait rĂ©fĂ©rence ici ne peut pas ĂȘtre celle qui soumet le rĂ©el Ă son dĂ©coupage utilitaire, mais au contraire une intelligence qui parvient Ă retrouver, entre les lignes de ce morcellement, le rĂ©el mouvant. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 16LâĂ©quilibre des facultĂ©s qui caractĂ©risait le bon sens ordinaire se transforme dans le bon sens supĂ©rieur en un Ă©quilibre dâun autre genre »63 auquel Bergson fait allusion au dĂ©but des Deux sources, sans le lier Ă la problĂ©matique du bon sens supĂ©rieur qui nâa pas encore Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e, ainsi que le suggĂšre allusivement le dĂ©but des Deux sources, prĂ©cisant toutefois au sujet de lâeffort qui permet de sâenfoncer ainsi en soi Ă la dĂ©couverte de son moi sâil est possible, il est exceptionnel »64. Il est possible dâavancer que cet Ă©quilibre dâun nouveau genre peut ĂȘtre liĂ© Ă une forme de perception rĂ©elle quoiquâanormale, justement parce quâelle nâest pas contrainte par les exigences de lâaction il doit y avoir, soit dans le corps, soit dans la conscience quâil limite, des dispositifs spĂ©ciaux dont la fonction est dâĂ©carter de la perception humaine les objets soustraits par leur nature Ă lâaction de lâhomme. Que ces mĂ©canismes se dĂ©rangent, la porte quâils maintenaient fermĂ©e sâentrouvre quelque chose passe dâun en dehors », qui est peut ĂȘtre un au-delà ». Câest de ces perceptions anormales que sâoccupe la science psychique »65. Ce qui serait ordinairement jugĂ© pathologique, Ă savoir ces perceptions anormales », reçoit finalement une justification morale, puisque ces perceptions Ă©manent de la santĂ© supĂ©rieure que constitue lâĂ©quilibre supĂ©rieur de lâesprit mystique soustrait aux exigences dâutilitĂ©. Cela signifie non seulement que le normal psychologique qui nâest que lâĂ©tat moyen de lâesprit des individus rivĂ©s Ă leur intĂ©rĂȘt nâa pas Ă recevoir un statut normatif, mais surtout que le moral est une norme qui enjoint de dĂ©passer purement et simplement lâĂ©quilibre normal de lâesprit, le rĂ©el se trouvant modifiĂ© Ă son tour parce quâĂ©tendu Ă ce que les exigences vitales rejetaient. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson lâattachement Ă la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms di ... 17Lâanormal est peut-ĂȘtre mĂȘme alors plus rĂ©el que le rĂ©el morcelĂ© par les exigences vitales, auquel lâĂ©tat normal de lâesprit donne accĂšs, car tout se passe comme si lâĂ©quilibre humain, comme si la normalitĂ© engendrĂ©e par cet Ă©quilibre cessait dâĂȘtre viable ; Ă un niveau plus profond, il est perçu et vĂ©cu comme un dĂ©sĂ©quilibre en tant que son modus vivendi ne cesse de rĂ©primer les forces crĂ©atrices au sein de lâindividu »66. Ăriger lâanormal en norme morale permet donc Ă Bergson de modifier en retour la dĂ©finition du normal par la mise en question de la validitĂ© de la perception normale câest-Ă -dire habituelle elle-mĂȘme, qui Ă©tait au fondement Ă la fois de la dĂ©finition de lâadaptation au rĂ©el, mais aussi du rĂ©el lui-mĂȘme. Ce renversement illustre finalement pleinement la contradiction quâon trouve au sein de lâĆuvre bergsonienne entre le vital compris comme ensemble dâexigences dâutilitĂ© pour la survie individuelle et dâautre part comme Ă©lan crĂ©ateur le second lâemporte finalement sur le premier puisque lâaspiration morale contribue Ă dĂ©faire le dĂ©coupage utilitaire du rĂ©el et donne ainsi accĂšs Ă lâĂ©lan vital lui-mĂȘme. Haut de page Notes 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, LâĂ©nergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, câest veiller, câest vivre la vie psychologique normale, câest lutter, câest vouloir ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, Ćuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [lâimpulsif et le rĂȘveur] se place lâheureuse disposition dâune mĂ©moire assez docile pour suivre avec prĂ©cision les contours de la situation prĂ©sente, mais assez Ă©nergique pour rĂ©sister Ă tout autre appel. Le bon sens, ou sens pratique, nâest vraisemblablement pas autre chose ». 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă la vie », Ćuvres, op. cit., p. 475. 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296â302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127â128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous nâont pas Ă©galement le sens du rĂ©el, le bon sens ». Pierre Janet remarque chez les psychasthĂ©niques un caractĂšre fondamental, difficile Ă expliquer, [âŠ] le caractĂšre de la paresse » La force et la faiblesse psychologiques, Paris, Ă©ditions mĂ©dicales Norbert Maloine, 1932, p. 275. 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore nâattribuer Ă lâaliĂ©nation que des causes biologiques, Ă savoir la perturbation des relations sensori-motrices Ă©tablies dans lâorganisme » p. 313. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de lâuniversitĂ© dâOttawa, 1974, p. 115 et suiv. 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 20 Le Rire, op. cit., p. 457â458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discours de 1895, il est mĂȘme possible dâenvisager que câest en hommage au bon sens analysĂ© par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode que Bergson a conservĂ© le terme bon sens » pour dĂ©signer lâĂ©quilibre psychique quâil dĂ©crit. Les rĂ©fĂ©rences Ă la problĂ©matique cartĂ©sienne du bon sens abondent dans le discours de 1895 le concept dâattention peut suggĂ©rer un arriĂšre plan cartĂ©sien, et Bergson y Ă©voque lâurgence de lâaction en des termes qui rappellent ceux de Descartes pour qui les actions de la vie ne souffrent aucun dĂ©lai ». Dans le discours de 1895, Bergson dĂ©signe le bon sens comme une ignorance consciente dâelle-mĂȘme », termes quâil rĂ©pĂ©tera Ă lâidentique dans son hommage Ă Descartes en 1937, lorsquâil fait de celui-ci lâauteur de lâidĂ©e selon laquelle la vraie connaissance a moins de rapport avec une information superficiellement encyclopĂ©dique quâavec une ignorance consciente dâelle-mĂȘme ». Dans Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson ne nie pas directement que le bon sens soit la chose du monde la mieux partagĂ©e », mais il affirme que, si le bon sens est une facultĂ© innĂ©[e] et universel[le] », celle-ci est empĂȘchĂ©e par certains obstacles, notamment les prĂ©jugĂ©s et la distraction avec laquelle lâindividu les reçoit lâuniversalitĂ© en droit du bon sens sâaccorde bien avec lâidĂ©e que le bon sens reprĂ©sente une sorte de santĂ© mentale. Mais, Ă la diffĂ©rence du bon sens cartĂ©sien, le bon sens bergsonien ne nĂ©cessite pas lâadoption dâune mĂ©thode lâadaptation Ă la rĂ©alitĂ© qui rĂ©sulte du bon sens est spontanĂ©e, lâaction qui en est issue tranche, brise le cercle, puisquâelle est puissance dâinvention de solutions. En outre, il nâest pas Ă proprement parler une facultĂ©, que lâon pourrait rabattre soit sur lâintelligence, soit sur lâintuition, mais bien plutĂŽt un Ă©tat dâĂ©quilibre entre facultĂ©s, tempĂ©rant lâaction de chacune en vue dâune bonne adaptation. 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452â453. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, op. cit., p. 115 et suiv. 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de progrĂšs social, il ne peut tirer sa force que du principe mĂȘme de la vie sociale, lâesprit de justice ». 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175â176. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de lâĂ©ducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă conduire les uns par un artifice, lĂ oĂč dâautres sont tout de suite placĂ©s par nature ». 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [âŠ] sâest demandĂ© ce que tel ou tel eĂ»t attendu de lui en pareille occasion ». 46 Ibid., p. 1060. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur lâanalyse de la rupture dâune promesse ou celle du suicide dans Les fondements de la mĂ©taphysique des mĆurs et dans le chapitre premier de lâAnalytique de la Critique de la raison pratique. Il critique Kant en affirmant que jamais [âŠ] on ne sacrifierait au seul besoin de cohĂ©rence logique son intĂ©rĂȘt, sa passion. » Les deux sources, op. cit., p. 994. 48 Cf. Aristote, Ethique Ă Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă la partie la plus intime de lui-mĂȘme que lâindividu retrouve quand sa conscience, travaillant en profondeur, lui rĂ©vĂšle, Ă mesure quâil descend davantage, une personnalitĂ© de plus en plus originale, incommensurable avec les autres et dâailleurs inexprimable » Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 986. 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 58 P. Janet, De lâangoisse Ă lâextase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De lâangoisse Ă lâextase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson lâattachement Ă la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms dir., Annales bergsoniennes, tome 4, Paris, PUF, 2009, p. 689. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie dâHenri Bergson », Philonsorbonne, 6 2012, 83-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie dâHenri Bergson », Philonsorbonne [En ligne], 6 2012, mis en ligne le 04 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page
corrigé explication de texte bergson la pensée et le mouvant