CORRIGEQuestion 1 : a) Bergson traite dans ce texte de la dĂ©marche scientifique et du statut des thĂ©ories. AprĂšs avoir analysĂ© la mĂ©thode scientifique des « modernes », la mĂ©thode expĂ©rimentale, il en conclut que le travail d’élaboration d’une thĂ©orie scientifique LaPensĂ©e et le Mouvant est un livre du philosophe français Henri Bergson, paru en 1934 chez FĂ©lix Alcan Ă  Paris.Il s'agit d'un recueil de IX articles prĂ©cĂ©demment parus entre 1903 et 1923, augmentĂ©s d'une introduction inĂ©dite qui reprĂ©sente un tiers de l'ouvrage.Il s'agit du dernier livre publiĂ© par Bergson. Il a Ă©tĂ© rééditĂ© en 1938 aux Presses universitaires de France, et Bergson, La PensĂ©e et le Mouvant La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la comprĂ©hension prĂ©cise du texte, du Laseconde partie de l'introduction de La pensĂ©e et le mouvant Ă©voque : « le champ immense des frĂ©quences », Henri Bergson (2009), La pensĂ©e et le mouvant, p. 61. Gilles Deleuze interprĂšte les images comme des « figures de lumiĂšre » : « L'identitĂ© de l'image et du mouvement a pour raison l'identitĂ© de la matiĂšre et de la lumiĂšre. », Gilles Deleuze (1983), corrigĂ©bts professions immobiliĂšres 2020 ; tony gallopin et sa nouvelle compagne Mon - Sun 10:00 - 20:00. lettre de demande de rĂ©duction des frais de scolaritĂ© pdf; garp one piece fruit du dĂ©mon; liste des chaĂźnes canal+ plus; macaron vanille cyril lignac; dĂ©finition de colonie grecque. Home; About Us; Services; Cars; Blog; Contact; radis jaune corĂ©en bienfaits. explication de islamzikr pour la bonne mĂ©moire; date commission attribution logement. comment installer iron tv pro; terrain avec ruine Ă  vendre 06; prĂȘtre exorciste catholique en belgique; bricorama recrutement; ou faire un stage en biologie; urgence dentaire meylan; film la mouche 1. bergson, la pensĂ©e et le mouvant explication de texte; mission ZlBOwEc. La pensĂ©e et le mouvant Ce mot trĂšs opaque en appelle Ă  une double interrogation sĂ©mantique et ... dĂšs lors que l'exercice souverain d'un rĂ©cit nunĂ©gocentrĂ© »[12] serait la seule issue, ...... auto-significativitĂ© », mĂȘme si immĂ©diatement aprĂšs ce schĂšme est corrigĂ© ..... la doxa rĂ©aliste pour cette entreprise canonique du classicisme postvidalien. Part of the document Henri BERGSON 1859-1941 La pensĂ©e et le mouvant ESSAIS ET CONFÉRENCES. Articles et confĂ©rences datant de 1903 Ă  1923 Un document produit en version numĂ©rique par Mme Marcelle Bergeron, bĂ©nĂ©vole Professeure Ă  la retraite de l'École Dominique-Racine de Chicoutimi, QuĂ©bec et collaboratrice bĂ©nĂ©vole Courriel mailtomabergeron Site web Dans le cadre de la collection "Les classiques des sciences sociales" dirigĂ©e et fondĂ©e par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au CĂ©gep de Chicoutimi Site web s/ Une collection dĂ©veloppĂ©e en collaboration avec la BibliothĂšque Paul-Émile-Boulet de l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  Chicoutimi Site web Un document produit en version numĂ©rique par Mme Marcelle Bergeron, bĂ©nĂ©vole, professeure Ă  la retraie de l'École Dominique-Racine de Chicoutimi, QuĂ©bec courriel mailtomabergeron site web Ă  partir de Henri Bergson 1859-1941 La pensĂ©e et le mouvant. Essais et confĂ©rences. Recueil d'articles et de confĂ©rences datant de 1903 Ă  1923 Une Ă©dition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e du livre La pensĂ©e et le mouvant. Paris Les Presses universitaires de France, 1969, 79e Ă©dition, 294 pages. Collection BibliothĂšque de philosophie contemporaine. Polices de caractĂšres utilisĂ©e Pour le texte Times, 12 points. Pour les citations Times 10 points. Pour les notes de bas de page Times, 10 points. Édition Ă©lectronique rĂ©alisĂ©e avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE US letter, x 11'' Édition complĂ©tĂ©e le 14 aoĂ»t 2003 Ă  Chicoutimi, QuĂ©bec. Avec la prĂ©cieuse coopĂ©ration de M. Bertrand Gibier, bĂ©nĂ©vole, professeur de philosophie, qui a réécrit en grec moderne toutes les citations ou expressions grecques contenues dans l'?uvre originale ac- [pic] Table des matiĂšres Avant-propos I. - Introduction premiĂšre partie. Croissance de la vĂ©ritĂ©. Mouvement rĂ©trograde du vrai II. - Introduction deuxiĂšme partie. De la position des problĂšmes 22 janvier 1922 III. - Le possible et le rĂ©el. Essai publiĂ© dans la revue suĂ©doise Nordisk Tidskrift en novembre 1930 IV. - L'intuition philosophique. ConfĂ©rence faite au CongrĂšs de Philosophie de Bologne le 10 avril 1911 V. - La perception du changement. ConfĂ©rences faites Ă  l'UniversitĂ© d'Oxford les 26 et 27 mai 1911 PremiĂšre confĂ©rence DeuxiĂšme confĂ©rence VI. - Introduction Ă  la mĂ©taphysique VII. - La philosophie de Claude Bernard. Discours prononcĂ© Ă  la cĂ©rĂ©monie du Centenaire de Claude Bernard, au CollĂšge de France, le 30 dĂ©cembre 1913. VIII. - Sur le pragmatisme de William James. VĂ©ritĂ© et rĂ©alitĂ© IX. - La vie et l'?uvre de Ravaisson Henri Bergson 1869-1941 La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences Paris Les Presses universitaires de France Collection BibliothĂšque de philosophie contemporaine. __ 1969, 294 pages Retour Ă  la table des matiĂšres La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences. Avant-propos Retour Ă  la table des matiĂšres Le prĂ©sent recueil comprend d'abord deux essais introductifs que nous avons Ă©crits pour lui spĂ©cialement, et qui sont par consĂ©quent inĂ©dits. Ils occupent le tiers du volume. Les autres sont des articles ou des confĂ©rences, introuvables pour la plupart, qui ont paru en France ou Ă  l'Ă©tranger. Les uns et les autres datent de la pĂ©riode comprise entre 1903 et 1923. Ils portent principalement sur la mĂ©thode que nous croyons devoir recommander au philosophe. Remonter Ă  l'origine de cette mĂ©thode, dĂ©finir la direction qu'elle imprime Ă  la recherche, tel est plus particuliĂšrement l'objet des deux essais composant l'introduction. Dans un livre paru en 1919 sous le titre de L'Énergie spirituelle nous avions rĂ©uni des essais et confĂ©rences » portant sur les rĂ©sultats de quelques-uns de nos travaux. Notre nouveau recueil, oĂč se trouvent groupĂ©s des essais et confĂ©rences » relatifs cette fois au travail de recherche lui-mĂȘme, sera le complĂ©ment du premier. Les Delegates of the Clarendon Press d'Oxford ont bien voulu nous autoriser Ă  reproduire ici les deux confĂ©rences, si soigneusement Ă©ditĂ©es par eux, que nous avions faites en 1911 Ă  l'UniversitĂ© d'Oxford. Nous leur adressons tous nos remerciements. H. B. La pensĂ©e et le mouvant Essais et confĂ©rences. I Introduction premiĂšre partie Croissance de la vĂ©ritĂ©. Mouvement rĂ©trograde du vrai. De la prĂ©cision en philosophie. - Les systĂšmes. - Pourquoi ils ont nĂ©gligĂ© la question du Temps. - Ce que devient la connaissance quand on y rĂ©intĂšgre les considĂ©rations de durĂ©e. - Effets rĂ©troactifs du jugement vrai. - Mirage du prĂ©sent dans le passĂ©. - De l'histoire et des explications historiques. - Logique de rĂ©trospection. Retour Ă  la table des matiĂšres Ce qui a le plus manquĂ© Ă  la philosophie, c'est la prĂ©cision. Les systĂšmes philosophiques ne sont pas taillĂ©s Ă  la mesure de la rĂ©alitĂ© oĂč nous vivons. Ils sont trop larges pour elle. Examinez tel d'entre eux, convenablement choisi vous verrez qu'il s'appliquerait aussi bien Ă  un monde oĂč il n'y aurait pas de plantes ni d'animaux, rien que des hommes ; oĂč les hommes se passeraient de boire et de manger ; oĂč ils ne dormiraient, ne rĂȘveraient ni ne divagueraient ; oĂč ils naĂźtraient dĂ©crĂ©pits pour finir nourrissons ; oĂč l'Ă©nergie remonterait la pente de la dĂ©gradation ; oĂč tout irait Ă  rebours et se tiendrait Ă  l'envers. C'est qu'un vrai systĂšme est un ensemble de conceptions si abstraites, et par consĂ©quent si vastes, qu'on y ferait tenir tout le possible, et mĂȘme de l'impossible, Ă  cĂŽtĂ© du rĂ©el. L'explication que nous devons juger satisfaisante est celle qui adhĂšre Ă  son objet point de vide entre eux, pas d'interstice oĂč une autre explication puisse aussi bien se loger ; elle ne convient qu'Ă  lui, il ne se prĂȘte qu'Ă  elle. Telle peut ĂȘtre l'explication scientifique. Elle comporte la prĂ©cision absolue et une Ă©vidence complĂšte ou croissante. En dirait-on autant des thĂ©ories philosophiques ? Une doctrine nous avait paru jadis faire exception, et c'est probablement pourquoi nous nous Ă©tions attachĂ© Ă  elle dans notre premiĂšre jeunesse. La philosophie de Spencer visait Ă  prendre l'empreinte des choses et Ă  se modeler sur le dĂ©tail des faits. Sans doute elle cherchait encore son point d'appui dans des gĂ©nĂ©ralitĂ©s vagues. Nous sentions bien la faiblesse des Premiers Principes. Mais cette faiblesse nous paraissait tenir Ă  ce que l'auteur, insuffisamment prĂ©parĂ©, n'avait pu approfondir les idĂ©es derniĂšres » de la mĂ©canique. Nous aurions voulu reprendre cette partie de son ?uvre, la complĂ©ter et la consolider. Nous nous y essayĂąmes dans la mesure de nos forces. C'est ainsi que nous fĂ»mes conduit devant l'idĂ©e de Temps. LĂ , une surprise nous attendait. Nous fĂ»mes trĂšs frappĂ© en effet de voir c ï»ż RĂ©digĂ© le 5 septembre 2007 1 minute de lecture travail en classe, note 6/7 Texte "Trop souvent nous nous reprĂ©sentons encore l'esperience comme destinĂ©e Ă  nous apporter des faits bruts...Comme si le travail de gĂ©nĂ©ralisation consistait Ă  venir, aprĂšs coup, trouver un sens plausible Ă  ce discours incohĂ©rent". Dans ce texte, la thĂšse est sous entendue. D'ailleurs c'est la thĂšse adverse qui est la plus dĂ©veloppĂ©e. La thĂšse de Bergson apparaĂźt plus clairement dans la troisiĂšme partie de l'extrait soit dans la derniĂšre partie. Examinons donc la thĂšse qu'il rĂ©fute dans un premier temps . 1Ăšre partie "Trop souvent nous nous reprĂ©sentons...observer en serait une autre" . A ce moment, Bergson expose le mode de pensĂ©e que beaucoup adoptent, "trop souvent" indique la remise en question entre autre car beaucoup croient que l'experience et l'intelligence d'une personne suffisent Ă  rĂ©pondre aux problĂšmes scientifiques. Ensuite Bergson rĂ©agit vivement Ă  cela "rien de plus faux" dit-il car il est vain d'attendre "passivement" une parsonne capable de rassembler les faits correctement et en attendre alors qu'une vĂ©ritĂ© soir dĂ©duite. Finalement par une sĂ©rie d'exclamations et d'anaphores "comme si" on dĂ©couvre la position de l'auteur "une observation scientifique est toujours la rĂ©ponse Ă  une question prĂ©cise ou confuse." De plus il ajoute que sans observation scientifique les discours restent incohĂ©rents , ils n'auraient donc aucune valeur scientifique. La plateforme qui connecte profs particuliers et Ă©lĂšves Vous avez aimĂ© cet article ? Notez-le ! Olivier Professeur en lycĂ©e et classe prĂ©pa, je vous livre ici quelques conseils utiles Ă  travers mes cours ! Epreuves anticipĂ©es Français corrigĂ©s de l'Ă©preuve anticipĂ©e du BAC de Français Sciences Ă©preuve anticipĂ©e sĂ©ries ES et L corrigĂ© de l'Ă©preuve anticipĂ©ede SCIENCES sĂ©ries ES et L Histoire gĂ©ographie corrigĂ© Ă©preuves d'histoire gĂ©ographie anticipĂ©e sĂ©rie S Les meilleurs professeurs disponibles4,9 59 avis 1er cours offert !5 16 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !5 59 avis 1er cours offert !4,8 28 avis 1er cours offert !4,9 32 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 66 avis 1er cours offert !5 26 avis 1er cours offert !4,9 33 avis 1er cours offert !5 76 avis 1er cours offert !4,8 9 avis 1er cours offert !5 26 avis 1er cours offert !5 37 avis 1er cours offert !4,9 13 avis 1er cours offert !5 28 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !4,9 59 avis 1er cours offert !5 16 avis 1er cours offert !4,9 25 avis 1er cours offert !5 59 avis 1er cours offert !4,8 28 avis 1er cours offert !4,9 32 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 66 avis 1er cours offert !5 26 avis 1er cours offert !4,9 33 avis 1er cours offert !5 76 avis 1er cours offert !4,8 9 avis 1er cours offert !5 26 avis 1er cours offert !5 37 avis 1er cours offert !4,9 13 avis 1er cours offert !5 28 avis 1er cours offert !5 15 avis 1er cours offert !C'est partiEpreuves terminales MathĂ©matiques corrigĂ© de l'Ă©preuve de maths BAC ES et L corrigĂ© de l'Ă©preuve de maths du BAC S 2013 corrigĂ© des Ă©preuves de maths du BAC STG 2013 option mercatique et option communication corrigĂ© BAC maths sĂ©rie ST2S Sciences et Vie de la Terre corrigĂ© de l'Ă©preuve de SVT BAC S Physique chimie corrigĂ© Ă©preuve de physique chimie BAC sĂ©rie S Philosophie Sujets du BAC sĂ©rie S BAC 2013 CorrigĂ© dissertation BAC S Peut-on agir moralement sans s’intĂ©resser Ă  la politique ? CorrigĂ© dissertation BAC S Le travail permet-il de prendre conscience de soi ? Explication de texte extrait de La pensĂ©e et le mouvant, de Bergson. Sujets du BAC sĂ©rie L BAC 2013 CorrigĂ© dissertation BAC L Le langage n'est-il qu'un outil ? en ligne CorrigĂ© dissertation BAC L La science se limite-t-elle Ă  constater les faits ? Explication de texte extrait de Lettre Ă  Elisabeth de Descartes. Sujets du BAC sĂ©rie ES BAC 2013 CorrigĂ© dissertation BAC ES Que devons-nous Ă  l’Etat ? CorrigĂ© dissertation BAC ES InterprĂšte-t-on Ă  dĂ©faut de connaĂźtre ? Explication de texte extrait de De la concorde, de Saint-Anselme. Histoire gĂ©ographie corrigĂ© Ă©preuves d'histoire gĂ©ographie BAC ES/ L Vous cherchez du soutien scolaire ? BAC 2013 Ă  l'Ă©tranger Sujets et corrigĂ©s du BAC 2013 Liban Sujets et corrigĂ©s du BAC 2013 AmĂ©rique du Nord Sujets et corrigĂ©s du BAC 2013 de PondichĂ©ry La plateforme qui connecte profs particuliers et Ă©lĂšves Vous avez aimĂ© cet article ? Notez-le ! Olivier Professeur en lycĂ©e et classe prĂ©pa, je vous livre ici quelques conseils utiles Ă  travers mes cours ! Bergson dĂ©fend une thĂšse qui peut paraĂźtre surprenante sur l’art. Selon lui, l’art vise Ă  nous faire prendre conscience de choses auxquelles nous n’avions pas prĂȘtĂ© attention jusque lĂ . Ces choses sont en nous et hors de nous. Il veut dire ainsi que nous allons prendre conscience ou faire l’expĂ©rience, par exemple, d’une Ă©motion que nous n’avions encore jamais ressenti. Par exemple, grĂące Ă  la littĂ©rature, je pourrais faire l’expĂ©rience de ce que cela peut susciter comme Ă©motion de se sentir marginal et mĂ©prisĂ©. L’art nous fait Ă©galement percevoir des choses hors de nous nous allons prendre conscience d’une certaine harmonie de couleurs et de formes. Nous allons prĂȘter attention Ă  une certaine qualitĂ© ou intensitĂ© de la lumiĂšre dans le tableau et cela peut transformer notre façon de voir la lumiĂšre au quotidien. Pour Bergson, on peut dire que l’art rend visible et non crĂ©e de toute piĂšce des Ă©tats d’ñmes parce que s’il s’agissait une pure invention de l’artiste, nous ne serions pas touchĂ©s par l’art. Or, quand l’artiste nous le montre cela nous apparaĂźt finalement comme une Ă©vidence et nous le comprenons. Bergson dĂ©fend donc l’idĂ©e que l’art nous rend plus sensibles et nous permet de vivre plus intensĂ©ment car nous percevons notre monde, notre vie et nos Ă©motions de maniĂšre infiniment plus riche et variĂ©e. À quoi vise l’art ? Sinon Ă  montrer, dans la nature mĂȘme et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poĂšte et le romancier qui expriment un Ă©tat d’ñme ne le crĂ©ent certes pas de toutes piĂšces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous, jusqu’à un certain point, ce qu’ils nous disent d’autrui. Au fur et Ă  mesure qu’ils nous parlent, des nuances d’émotion et de pensĂ©e nous apparaissent qui pouvaient ĂȘtre reprĂ©sentĂ©es en nous depuis longtemps mais qui demeuraient invisibles telle l’image photographique qui n’a pas encore Ă©tĂ© plongĂ©e dans le bain oĂč elle se rĂ©vĂ©lera. Le poĂšte est ce rĂ©vĂ©lateur [
]. Les grands peintres sont des hommes auxquels remonte une certaine vision des choses qui est devenue ou qui deviendra la vision de tous les hommes. » Henri BERGSON, La pensĂ©e et le mouvant. Si vous avez aimĂ©, n'hĂ©sitez pas Ă  partager ! RĂ©sumĂ© Le but de cet article est de montrer que l’étude minutieuse du trajet de la notion de bon sens dans la pensĂ©e de Bergson, au croisement de rĂ©flexions sur le normal psychologique, les normes sociales, et l’action morale, rĂ©vĂšle au sein de son Ɠuvre un ensemble de profondes tensions entre la question de la nature de la santĂ© mentale et de celle de l’aptitude morale. Haut de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 1La notion de bon sens, mentionnĂ©e explicitement dans la plupart des ouvrages de Bergson, depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’aux Deux sources de la morale et de la religion, ne constitue pas Ă  proprement parler un concept central de la pensĂ©e bergsonienne, ne serait-ce qu’en vertu du peu d’importance qui lui est, quantitativement, accordĂ©. Cela dit, aprĂšs l’avoir examinĂ©e pour la premiĂšre fois en dĂ©tail dans le discours de remise des prix du concours gĂ©nĂ©ral prononcĂ© le 30 juillet 1895 et intitulĂ© Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson n’aura de cesse de revenir sur la dĂ©finition de cette notion et sur la description de la rĂ©alitĂ© Ă  laquelle elle renvoie. L’étude de cette notion a donnĂ© lieu Ă  des interprĂ©tations trĂšs diffĂ©rentes chez les commentateurs et il semble que cela soit dĂ» Ă  deux facteurs premiĂšrement, cherchant pour la plupart Ă  considĂ©rer la notion de bon sens comme un bloc homogĂšne malgrĂ© certaines contradictions manifestes entre les diffĂ©rents ouvrages, ils n’ont pas assez pris en compte les Ă©volutions et modifications qui ont marquĂ© le trajet de la notion de bon sens dans le corpus bergsonien depuis le discours de 1895. DeuxiĂšmement, il semble que la plupart d’entre eux ait accordĂ© une trop faible importance Ă  la distinction que Bergson opĂšre dans Les deux sources de la morale et de la religion, entre un bon sens ordinaire et un bon sens qu’il dĂ©signe comme bon sens supĂ©rieur ». Ainsi, sans cĂ©der Ă  la tentation de produire une exposition plus systĂ©matique de la doctrine et aussi l’apparence d’une clartĂ© supĂ©rieure »1, nous souhaiterions mettre en avant le fait que l’examen attentif des variations subies par la notion de bon sens permet de mettre en lumiĂšre le trajet de la pensĂ©e de Bergson elle-mĂȘme en ce qui concerne la question de l’action juste et plus largement, du champ de l’activitĂ© morale. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psy ... 2En effet on peut remarquer, dĂšs le discours de 1895, l’entrecroisement de deux lignes dans la dĂ©finition du bon sens il est posĂ© Ă  la fois comme une santĂ© mentale, comme le bon fonctionnement de l’esprit qui permet son adaptation souple, sa disponibilitĂ© Ă  l’égard d’une rĂ©alitĂ© se renouvelant sans cesse, mais aussi comme un instrument, avant tout, de progrĂšs social »2, mu par ce que Bergson dĂ©signe comme l’esprit de justice ». Cette binaritĂ© est reprise dans la lettre Ă  O. GĂ©rard, prĂ©ambule du discours dans l’édition des MĂ©langes le bon sens est la facultĂ© de raisonner juste, non seulement sur ses propres affaires, mais encore et surtout sur celles du pays »3, le bon sens Ă©tant caractĂ©risĂ© Ă  la fois par la justesse de son adaptation et la justice de son action. Or, il apparaĂźt trĂšs vite que les ouvrages immĂ©diatement ultĂ©rieurs ne reprennent et n’approfondissent que la premiĂšre dimension de cette dĂ©finition, faisant du bon sens une forme originale de santĂ© mentale, pensĂ©e comme effort et comme Ă©quilibre. À partir du Rire puis dans l’Évolution crĂ©atrice, cette caractĂ©risation du bon sens comme vie psychologique normale »4 s’enrichit d’une rĂ©flexion sur la dimension proprement sociale de la rĂ©alitĂ© humaine le bon sens, sens social dĂ©fini comme souple disponibilitĂ© Ă  l’égard de la fluiditĂ© des Ă©changes humains, intĂšgre Ă  prĂ©sent un certain nombre de normes et de paramĂštres sociaux dans son fonctionnement. C’est cette dĂ©pendance du normal psychologique Ă  l’égard des normes sociales que nous envisagerons dans un premier temps. 3C’est seulement dans Les deux sources de la morale et de la religion, sur la base d’une rĂ©flexion sociologique renouvelĂ©e qui distingue Ă  prĂ©sent deux types de sociĂ©tĂ©s c’est-Ă -dire, deux types de rapports entre individus et normes sociales et deux types de justices, que le bon sens retrouve la dimension morale comme facteur de progrĂšs social produisant des actions justes que le discours lui prĂȘtait. Mais ce retour ne se fait qu’au prix de la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire qui permet, certes, de rĂ©soudre les difficultĂ©s posĂ©es par le discours de 1895, en expliquant par le bon sens supĂ©rieur » la possibilitĂ© d’une action crĂ©atrice de normes, mais qui semble cependant remettre en question la dĂ©finition du normal psychologique donnĂ©e prĂ©cĂ©demment, ou qui suggĂšre tout du moins l’existence d’un conflit latent entre la morale et le normal dans la pensĂ©e bergsonienne. Nous examinerons donc en second lieu cette distinction capitale, qui met d’autant plus en jeu le rapport de la dĂ©finition du normal » Ă  la problĂ©matique morale selon laquelle l’individu moral, le mystique, est un individu anormal en au moins deux sens, qui se trouvaient au cƓur du bon sens ordinaire d’une part, en Ă©chappant Ă  l’égoĂŻsme et la loi du talion qui prĂ©valent dans la sociĂ©tĂ© close, il ne s’adapte plus aux normes sociales mais les modifie ; et d’autre part, sa singularitĂ© s’exprime par des manifestations pathologiques, qu’elles soient appelĂ©es dĂ©lire mystique ou perceptions anormales ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif ... 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475 ... 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous ... 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologique ... 4 Un bref examen du bon sens tel qu’il est caractĂ©risĂ© depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’à l’Évolution crĂ©atrice permet de voir combien le normal, la santĂ© mentale qu’il incarne, est dĂ©terminĂ© par les exigences vitales et sociales Ă  partir de MatiĂšre et MĂ©moire, le bon sens apparaĂźt en effet Ă  la fois comme un Ă©quilibre psychologique entre deux tendances ennemies de l’action, la tendance corporelle Ă  l’automatisme et la tendance spirituelle au rĂȘve5, et comme effort d’attention Ă  la rĂ©alitĂ©6. Il est en effet prĂ©sentĂ© comme une tension visant Ă  tenir Ă  Ă©gale distance les souvenirs issus des deux pĂŽles opposĂ©s du moi que sont la mĂ©moire corporelle et la mĂ©moire pure et qui cherchent Ă  s’insĂ©rer dans la perception prĂ©sente. Agissant en amont du travail discriminant de la conscience en laiss[ant] tous les souvenirs dans le rang »7, le bon sens dĂ©blaie le terrain Ă  partir duquel celle-ci sĂ©lectionnera, en s’appuyant sur les formes motrices, la schĂ©matisation des souvenirs purs, les lois du rappel et la condition gĂ©nĂ©rale de ressemblance, le souvenir apte Ă  s’intĂ©grer profitablement Ă  la perception prĂ©sente pour l’informer. En tant que sens pratique », il est gage de souplesse dans la prise en compte de la rĂ©alitĂ© prĂ©sente et muselle la tendance Ă  agir mĂ©caniquement, sous l’impulsion de la reconnaissance automatique qu’a la mĂ©moire habitude des idĂ©es gĂ©nĂ©rales »8 dans la perception. En tant que sens du rĂ©el »9, il est liĂ© Ă  la veille et est un effort de tension contre l’évasement, la diffusion des souvenirs purs qui caractĂ©rise la dĂ©rive pathologique de Don Quichotte, en qui la mĂ©moire pure a pris l’ascendant et qui, au lieu d’utiliser ses souvenirs pour percevoir de maniĂšre adaptĂ©e, se sert au contraire de ce qu’il perçoit pour donner un corps au souvenir prĂ©fĂ©rĂ© »10. En tant qu’ oubli rĂ©glementĂ© et durable, [
] art de liquider son passĂ© »11, le bon sens s’insĂšre dans une conception du normal fondĂ©e sur l’idĂ©e que la santĂ© mentale rĂ©sulte d’un effort de tension qui s’écarte donc par degrĂ©s du pathologique qui peut rĂ©sulter alors d’une forme de paresse psychologique telle qu’elle a Ă©tĂ© identifiĂ©e par Pierre Janet chez les psychasthĂ©niques12, telle qu’elle s’exprime surtout Ă  partir de l’Energie spirituelle13. Par cet effort de tension, l’individu se rend capable de fournir une rĂ©ponse ajustĂ©e aux circonstances et Ă  ce que requiert la situation, le bon sens est donc liĂ© aux exigences vitales qui dĂ©terminent l’adaptation de l’individu, la survie individuelle. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’u ... 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 5MĂȘme si Bergson distinguait dĂ©jĂ  dans le discours de 1895 le milieu naturel, domaine d’action des sens, du milieu social », domaine d’action du bon sens, c’est seulement Ă  partir du Rire qu’il entame une analyse de la dimension proprement sociale de l’existence, et c’est aussi dans cet ouvrage que le bon sens, dont l’opposĂ© est dĂ©sormais le comique [qui] exprime avant tout une certaine inadaptation particuliĂšre de la personne Ă  la sociĂ©tĂ© »14, se prĂ©cise sous l’aspect d’une adaptation au rĂ©el dans sa dimension sociale. Cet aspect de la notion se retrouve, trĂšs fortement accentuĂ©, dans Les deux sources, oĂč le bon sens est non seulement dĂ©crit comme sens social » mais encore caractĂ©risĂ© comme innĂ© Ă  l’homme normal »15 cette innĂ©itĂ© qui Ă©quivaut Ă  la prĂ©figuration de la sociĂ©tĂ© dans l’individu »16, s’explique par la nĂ©cessitĂ© pour la nature de donner Ă  l’homme des directives, au moins gĂ©nĂ©rales, pour la coordination de sa conduite Ă  celle de ses semblables »17. Aussi, s’il n’y a nul doute que notre structure psychologique ne tienne Ă  la nĂ©cessitĂ© de conserver et de dĂ©velopper la vie individuelle et sociale »18, cela signifie que le bon sens embrasse dans sa comprĂ©hension de la situation prĂ©sente la comprĂ©hension des normes qui rĂ©gissent l’agir en sociĂ©tĂ© et, par consĂ©quent, que celles-ci s’intĂšgrent Ă  ce qui fait chez Bergson la santĂ© mentale. Ainsi, le dĂ©lire d’interprĂ©tation » qui se caractĂ©rise par une incapacitĂ© Ă  comprendre le comportement d’autrui, rĂ©sulterait, selon Les deux sources, d’un dĂ©faut de bon sens qui s’expliquerait in fine par une insuffisance psychique [
] congĂ©nitale »19. Le bon sens prend donc ici les traits d’une prĂ©disposition Ă  s’adapter avec fluiditĂ© aux impĂ©ratifs sociaux, c’est-Ă -dire d’une souplesse adaptative prĂ©dĂ©terminĂ©e, point qui marque sans conteste une originalitĂ© de la pensĂ©e biologique et sociologique bergsonienne. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 6DĂ©jĂ , Ă  travers les mutations subies entre l’Essai et le Rire par la notion de caractĂšre » qui devient dans le Rire ce qu’il y a de tout fait dans notre personne, ce qui est en nous Ă  l’état de mĂ©canisme une fois montĂ©, capable de fonctionner automatiquement »20, apparaĂźt une tension entre l’idĂ©e, exprimĂ©e dans le discours, que le bon sens aurait partie liĂ©e avec la libertĂ© du moi telle qu’elle Ă©tait Ă©voquĂ©e par l’Essai, et sa dĂ©finition comme capacitĂ© de souple adaptation sociale dans le Rire. En effet, il faut remarquer non seulement que cette adaptation Ă  la mouvance de la rĂ©alitĂ© sociale aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jugĂ©e automatique du point de vue de l’Essai en tant qu’émanant des couches superficielles du moi comme dans le fameux exemple du rĂ©veil, mais encore que la critique de l’automatisme dans le Rire effectue un renversement puisqu’elle n’est plus tournĂ©e contre ce qu’une action peut avoir d’impersonnel mais bien contre ce qu’elle peut avoir de trop personnel au dĂ©triment d’une prise en compte des autres est comique le personnage qui suit automatiquement son chemin sans se soucier de prendre contact avec les autres »21 et qui nĂ©glige de regarder autour de soi »22. S’il est possible de considĂ©rer, pour rĂ©soudre cette tension, que le bon sens a partie liĂ©e avec la transition du moi profond vers le moi superficiel, nĂ©cessaire Ă  l’insertion de l’esprit dans la matiĂšre en amont de l’insertion dans une situation sociale, il n’empĂȘche qu’elle apparaĂźtra Ă  nouveau dans la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur, sous la forme d’une tension entre une impulsion venue du moi profond et s’imposant Ă  l’extĂ©rieur et une impulsion venue de l’extĂ©rieur s’imposant, en le solidifiant, au moi profond. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discour ... 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 7Si la description du bon sens ordinaire a mis hors-jeu la problĂ©matique de la justice et de l’action morale en charge du progrĂšs social telle qu’elle Ă©tait exprimĂ©e dans le discours de 1895 et qui rappelait le lien Ă©tabli par Descartes entre bon sens et recherche d’une vĂ©ritĂ© pratique23, c’est prĂ©cisĂ©ment d’une part parce que le principe selon lequel le vital engendrerait le social qui engendrerait Ă  son tour le normal, que Bergson pose au fondement mĂȘme de sa dĂ©finition de la santĂ© mentale, contribue Ă  substituer Ă  la problĂ©matique de la justice de l’action celle de la justesse de l’adaptation. D’autre part, cela est incontestablement liĂ© Ă  l’examen du fonctionnement de la vie sociale auquel Bergson se livre dans Le Rire puis dans Les deux sources, et qui lui a permis d’affirmer dĂšs le premier de ces ouvrages qu’ ĂȘtre en rĂšgle avec la stricte morale » n’a rien Ă  voir avec le fait de se mettre en rĂšgle avec la sociĂ©tĂ© »24 le bon sens, devenu facultĂ© d’adaptation souple au rĂ©el social et d’insertion bien ajustĂ©e dans le tissu humain, apparaĂźt dĂ©finitivement liĂ© Ă  cette seconde opĂ©ration. Reste Ă  prĂ©sent Ă  examiner, sur la base mĂȘme de cette dĂ©finition de la santĂ© mentale et de son lien avec la vie sociale, comment la notion de bon sens supĂ©rieur se trouve au cƓur d’un renversement de la pensĂ©e bergsonienne prenant corps dans Les deux sources et qui a pour but de rendre possible l’action morale. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sourc ... 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 8C’est parce que le bon sens est au cƓur de la rĂ©flexion bergsonienne sur le rapport de l’individu aux normes sociales et sur la justice que l’étude de cette notion permet d’aborder sous un jour nouveau l’itinĂ©raire et l’évolution de la pensĂ©e bergsonienne concernant l’action juste. Cette problĂ©matique, laissĂ©e de cĂŽtĂ© de MatiĂšre et MĂ©moire Ă  l’Évolution crĂ©atrice, rĂ©apparaĂźt dans Les deux sources et la plupart de ce qui Ă©tait posĂ© Ă  titre de postulat dans le discours de 1895 y est repris, repensĂ© et intĂ©grĂ© Ă  la problĂ©matique plus vaste d’une rĂ©flexion sur les rapports qui unissent morale et sociĂ©tĂ©. Le discours de 1895 apparaĂźt donc comme un programme, un ensemble d’intuitions abandonnĂ©es en l’absence d’un appareillage conceptuel suffisant. Il est important de souligner les correspondances qui existent entre les deux Ɠuvres pour mieux comprendre ce qui explique l’abandon puis la reprise de la problĂ©matique morale dans la dĂ©finition de la notion de bon sens dans l’Ɠuvre de Bergson. Ainsi, l’idĂ©e d’une action de bon sens orientĂ©e vers le progrĂšs de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© Ă©tait soutenue dans le discours par le pressentiment d’un lien unissant principe de la vie et capacitĂ© Ă  produire des actions justes et progressistes de la part de l’individu de bon sens. Bergson y affirmait en effet de la notion de bon sens si elle porte ainsi avec elle l’intelligence de la vie, c’est sans doute qu’elle en a touchĂ© le principe »25, cette idĂ©e essentielle d’un fondement de la morale dans la prise de contact avec le principe de la vie se retrouve dans Les deux sources oĂč Bergson Ă©voque au sujet des agents du progrĂšs humain l’action de l’élan de la vie, cet Ă©lan mĂȘme, communiquĂ© intĂ©gralement Ă  des privilĂ©giĂ©s qui voudraient alors l’imprimer Ă  l’humanitĂ© entiĂšre »26. Et de fait, Ă  l’idĂ©e exprimĂ©e dans le discours selon laquelle il est rare que la nature produise spontanĂ©ment une Ăąme affranchie et maĂźtresse d’elle-mĂȘme, une Ăąme accordĂ©e Ă  l’unisson de la vie »27, rĂ©pond l’affirmation des Deux sources selon laquelle les mystiques et les ĂȘtres novateurs constituent en eux-mĂȘmes une espĂšce nouvelle composĂ©e d’un individu unique »28. En outre, la dĂ©finition du bon sens comme ignorance consciente d’elle-mĂȘme »29 dans le discours de 1895 trouve un Ă©cho dans la dĂ©finition du bon sens supĂ©rieur donnĂ©e dans les Deux sources comme innocence acquise », Bergson ajoutant dans les deux cas que cette ignorance doit s’accompagner d’un effort. LĂ  n’est sans doute pas pourtant le plus important en effet, la principale difficultĂ© du discours est l’affirmation selon laquelle le bon sens produit irrĂ©mĂ©diablement les actions les plus justes possibles30 dans un contexte donnĂ©, sans qu’il consiste pourtant ni dans une expĂ©rience plus vaste, ni dans des souvenirs mieux classĂ©s, ni mĂȘme, plus gĂ©nĂ©ralement, dans une logique plus rigoureuse »31, arguant qu’il choisit la meilleure solution Ă  une situation donnĂ©e parce qu’il peut en prĂ©voir [l]es consĂ©quences, ou plutĂŽt les pressentir »32. La question de l’infaillibilitĂ© morale de l’action de bon sens est finalement abordĂ©e Ă  nouveau par Bergson lorsqu’il Ă©voque dans Les deux sources le bon sens supĂ©rieur des mystiques, en termes de discernement prophĂ©tique du possible et de l’impossible »33 qui fournit du premier coup la dĂ©marche utile, l’acte dĂ©cisif, le mot sans rĂ©plique »34. De plus, on retrouve enfin clairement exprimĂ©e l’idĂ©e que le bon sens est, comme on pouvait le lire dans le discours, un instrument de progrĂšs social »35, puisque Bergson, qui fait du bon sens supĂ©rieur l’apanage des mystiques, gratifie ceux-ci d’une capacitĂ© essentielle Ă  pousser l’humanitĂ© en avant »36. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de p ... 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 9Si Bergson, aprĂšs le discours, avait Ă©cartĂ© au profit d’une rĂ©flexion sur la santĂ© mentale cette problĂ©matique de l’action morale qu’il retrouvera dans Les deux sources, c’est peut ĂȘtre Ă  cause de l’insuffisance des outils conceptuels dont il disposait en matiĂšre d’analyse des rapports entre morale et sociĂ©tĂ© en 1895, dans la mesure oĂč il n’avait pas analysĂ© les liens que la sociĂ©tĂ© entretient avec le dĂ©veloppement d’une morale. En effet, la rĂ©flexion sociologique qui sous-tend le discours de 1895 semble assez irrĂ©aliste poussĂ©e jusqu’au bout, elle implique que, n’était le pouvoir pĂ©trificateur de l’intelligence, l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, guidĂ© par le bon sens, agirait toujours non seulement de maniĂšre parfaitement adaptĂ©e Ă  la situation prĂ©sente mais encore toujours en vue du plus grand bien et du plus grand progrĂšs social, Ă©tant constamment animĂ© par l’ esprit de justice »37. Cette conception optimiste qui attribue comme principe Ă  la vie sociale ce mĂȘme esprit de justice », puisqu’on ne peu[t] [s]e reprĂ©senter ces volontĂ©s associĂ©es sans une fin derniĂšre raisonnable »38, a cĂ©dĂ© le pas dans les Ɠuvres ultĂ©rieures Ă  une analyse de l’origine vitale de la vie sociale orientĂ©e vers la survie de l’espĂšce et qui dĂ©termine, par ses normes, l’apprĂ©hension du rĂ©el il semble donc que ce soit une modification au sein mĂȘme de la rĂ©flexion bergsonienne sur la sociĂ©tĂ©, ses normes, et le rapport des individus Ă  ces normes, qui a dĂ» prĂ©sider au destin de la notion de bon sens dans son Ɠuvre. Si le discours de 1895 distinguait en passant une justice abstraite » d’une justice incarnĂ©e dans l’homme juste »39 la premiĂšre Ă©tant discrĂ©ditĂ©e au profit de la seconde, pour pouvoir penser l’acte vĂ©ritablement moral, cette distinction n’était pas assez prĂ©cise, ne s’appuyant pas sur l’arriĂšre-plan sociologique Ă©laborĂ© dans Les deux sources qui seul permet, en distinguant la sociĂ©tĂ© close de la sociĂ©tĂ© ouverte, de distinguer par lĂ  mĂȘme deux vĂ©ritables types de justices une justice relative et une justice absolue. C’est cette distinction qui permet en effet de rĂ©soudre le paradoxe du bon sens comme Ă©tant Ă  la fois un sens de l’adaptation au rĂ©el social mais aussi une aspiration innĂ©e au progrĂšs au sein de chaque individu, puisqu’elle permet de lier la premiĂšre tendance Ă  la justice relative, celle dont le fondement est Ɠil pour Ɠil, dent pour dent et qui s’exprime dans la dimension close de la sociĂ©tĂ© puisque la raison d’ĂȘtre de la morale close est, comme l’ont soulignĂ© certains, l’adaptation de l’individu40. La seconde est dĂ©sormais liĂ©e Ă  une justice absolue, qui fonde une morale de l’aspiration, elle-mĂȘme visant l’avĂšnement d’une sociĂ©tĂ© ouverte. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 10En outre, dans Les deux sources, Bergson expose une double conception du rapport de l’individu aux normes sociales en ce qui concerne la sociĂ©tĂ© de type clos, les normes sociales agissent sur l’individu dans la mesure oĂč elles poussent son moi profond Ă  se solidifier en s’extĂ©riorisant, processus auquel, nous l’avons vu, le bon sens ordinaire n’est pas Ă©tranger, mais l’idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© ouverte permet de briser le cercle dans lequel tournoie l’espĂšce humaine, prise dans la circularitĂ© close, en permettant de penser l’influence de l’individu d’exception, ayant presque par miracle Ă©chappĂ© Ă  l’obsession de l’utilitĂ© vitale, sur la sociĂ©tĂ©, par le biais de la crĂ©ation de valeurs morales. À un mouvement passif de rĂ©ception et d’intĂ©gration des normes afin de bien s’insĂ©rer dans le rĂ©el, analysĂ© dans le Rire et l’Évolution crĂ©atrice, peut succĂ©der un mouvement de projection hors de soi qui modifie en retour le rĂ©el, mouvement requis par les thĂšses du discours de 1895. La distinction entre une sociĂ©tĂ© close et une sociĂ©tĂ© ouverte est ce qui permet Ă  Bergson de comprendre Ă  nouveau le bon sens comme une poussĂ©e vers le progrĂšs moral guidĂ©e, comme le voulait le discours de 1895, par l’esprit de justice qui lui montre les injustices Ă  corriger et le bien Ă  faire »41. En effet, le bon sens supĂ©rieur recherche non pas l’adaptation Ă  des normes prĂ©existantes en vue de favoriser la survie individuelle, mais bien une action en retour sur la sociĂ©tĂ©, l’établissement de normes radicalement nouvelles dont le principe est dĂ©sormais le contraire de celui d’utilitĂ©, Ă  savoir la justice absolue fondĂ©e sur l’amour. Le bon sens supĂ©rieur, loin de recevoir passivement une stimulation Ă  l’action Ă©manant des impĂ©ratifs vitaux et sociaux de la situation prĂ©sente, loin de fournir seulement une rĂ©ponse aux questions posĂ©es par son environnement, prĂ©cĂšde toute sollicitation extĂ©rieure et vise Ă  imposer dans la rĂ©alitĂ© commune la rĂ©ponse Ă  une sollicitation Ă©manant du fond de l’individu. Il est ainsi un goĂ»t de l’action » mis en jeu lorsque le mystique choisit de diffuser son esprit dans la matĂ©rialitĂ© et est encore, Ă  ce titre, comme le bon sens ordinaire, une capacitĂ© de s’adapter et se rĂ©adapter »42 Ă  la mouvance du rĂ©el. Cependant sa visĂ©e n’est plus l’ajustement aux exigences vitales mais bien, comme le voulait le discours, la production de la plus grande somme de bien »43. Ce n’est qu’au prix de la transformation du bon sens en un bon sens supĂ©rieur, appuyĂ© sur une justice absolue et non plus relative, et supĂ©rieur » puisqu’entre temps le bon sens avait Ă©tĂ© dĂ©fini comme santĂ© mentale, que Bergson a pu en 1932 retrouver ce qu’il avait seulement supposĂ© en 1895. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire le ... 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s ... 46 Ibid., p. 1060. 11Si elle permet de valider, par-delĂ  l’analyse du bon sens comme santĂ© mentale, les conclusions du discours de 1895, la distinction entre bon sens ordinaire, conduite sociale normale, et bon sens supĂ©rieur, conduite morale modifiant les normes sociales, est aussi l’annonce d’un changement dans la pensĂ©e morale bergsonienne. En effet, Ă  prĂ©sent, seul un nombre restreint de personnalitĂ©s gĂ©niales possĂšde le pouvoir de faire progresser la sociĂ©tĂ© que le discours de 1895 attribuait, Ă  travers le bon sens comme santĂ© de l’esprit, Ă  chaque individu, Ă  quelques degrĂ©s prĂšs de dispositions44. Ainsi, l’humanitĂ© ordinaire est rĂ©duite, en ce qui concerne la vĂ©ritable morale, Ă  un rĂŽle passif d’imitation des grands modĂšles45, imitation qui devient dĂšs lors, pour elle, le fondement de l’action morale et juste pour qui est dĂ©pourvu de gĂ©niale crĂ©ativitĂ© cette passivitĂ© est tout juste corrigĂ©e par l’idĂ©e que cette imitation peut aussi se faire communication de l’élan et ĂȘtre l’occasion d’une Ă©closion puisqu’il peut y avoir en nous un mystique qui sommeille et qui attend seulement une occasion de se rĂ©veiller »46. Si le bon sens du discours trouve sa formulation finale dans le bon sens supĂ©rieur, alors l’espoir en un homme nouveau est interdit, puisque seule une Ă©lite morale, celle des mystiques et des ĂȘtres dotĂ©s du bon sens supĂ©rieur, peut constituer une espĂšce nouvelle, chaque fois rĂ©duite Ă  un individu unique. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’ ... 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 12Le postulat de l’infaillibilitĂ© du bon sens Ă  toujours produire l’action la plus juste, repris du discours dans Les deux sources, demande Ă  ĂȘtre interrogĂ©, et la question du fondement de la justice de l’action se pose d’autant plus Ăąprement que, dans Les deux sources, Bergson rejette fermement aussi bien la tentative kantienne de fonder la morale dans la logique ou ce qu’il voit comme tel47 que les thĂ©ories de type platonicien faisant dĂ©river la justice de l’idĂ©e de Bien. En tant qu’instance poussant Ă  accomplir irrĂ©mĂ©diablement l’action la plus juste, il pourrait rappeler l’eustochia aristotĂ©licienne, ou la justesse de coup d’Ɠil »48 portĂ© sur la situation, qui se passe de raisonnement, cependant, le fait que Bergson refuse de faire dĂ©river le bon sens de l’habitude ou de l’expĂ©rience contredit ce rapprochement. Notons en tout cas que le fondement de l’excellence de l’action de bon sens semble reposer, suivant un schĂ©ma tout aristotĂ©licien, sur l’excellence de l’agent qui dispose d’un bon sens supĂ©rieur, qu’elle contribue Ă  exprimer en retour. Dans la mesure mĂȘme oĂč l’aspiration essentiellement morale du mystique ou du hĂ©ros prĂ©cĂšde sa tendance Ă  accomplir des actions morales, et que la crise mystique n’est pas l’expression du bon sens supĂ©rieur mais ce qui prĂ©cĂšde son apparition, c’est en dĂ©finitive de l’excellence morale ou aspiration Ă  la justice absolue que dĂ©rive la justice de l’action rĂ©alisĂ©e par le bon sens supĂ©rieur. Or dans la mesure oĂč le bon sens supĂ©rieur se caractĂ©rise par un certain dĂ©tachement Ă  l’égard des exigences biologiques Ă©goĂŻstement utilitaires Ă  la fois vitales et sociales dans leur dimension close, dĂ©tachement liĂ© au fait que, mĂȘme si nous trouvons [la sociĂ©tĂ©] prĂ©sente en nous », sa prĂ©sence est plus ou moins marquĂ©e selon les individus »49, l’apparition de l’aspiration morale est due, comme le souligne Bergson, Ă  une sorte de hasard vital comparable Ă  celui qui prĂ©side, dans le Rire, Ă  l’apparition des artistes50. Si la justesse de son ajustement Ă  la situation prĂ©sente est encore le signe du lien qu’entretient le bon sens supĂ©rieur avec les exigences vitales circulaires de la survie en sociĂ©tĂ© close, la justice de ce qu’il vise Ă  produire a partie liĂ©e avec le vital au sens de la constante marche de l’élan, procĂ©dant par bonds, vers la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© ouverte. C’est en cela que le bon sens supĂ©rieur est rĂ©vĂ©lateur au sein de la pensĂ©e bergsonienne de ce qu’on pourrait appeler la contradiction du vital », c’est-Ă -dire la coexistence en son sein de l’élan et de la retombĂ©e. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand ... 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 13Cette contradiction logĂ©e au cƓur de la distinction entre les deux bons sens se retrouve dans l’expression de contradiction rĂ©alisĂ©e », employĂ©e par Bergson pour dĂ©signer la capacitĂ© des mystiques Ă  convertir en effort crĂ©ateur cette chose créée qu’est une espĂšce, faire un mouvement de ce qui est par dĂ©finition un arrĂȘt »51. Si l’aspiration morale, qui brise le cercle dans lequel tournent les individus et la sociĂ©tĂ© close, est encore une expression du vital, c’est que celui-ci a Ă©tĂ© redĂ©fini entre l’Évolution crĂ©atrice et Les deux sources, passant d’un Ă©lan vers la vie sociale Ă  un Ă©lan qui contient lui-mĂȘme un germe moral, puisque selon le dernier ouvrage toute morale [
] est d’essence biologique »52 et que le contact avec le principe vital est devenu la seule source oĂč puiser la force d’aimer l’humanitĂ© »53. Si l’effort qui prĂ©side Ă  ce contact est dĂ©crit par Bergson comme effort en sens inverse de la nature, c’est dans la mesure oĂč la natura naturans effectue sa poussĂ©e contre l’inertie de la natura naturata ainsi, la morale de l’aspiration qui unit les individus d’un bon sens supĂ©rieur est dite rendre l’individu Ă  sa destination naturelle en le rendant crĂ©ateur, en accord avec l’univers dans sa dimension de machine Ă  faire des dieux »54. Par consĂ©quent, la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire, tous les deux naturels en ces deux sens opposĂ©s, exprime la spĂ©cificitĂ© de l’espĂšce humaine en laquelle coexistent, en tant qu’elle est une espĂšce sociale, Ă©lan tension vers la sociĂ©tĂ© ouverte Ă  travers des personnalitĂ©s gĂ©niales et retombĂ©e tendance Ă  la clĂŽture. C’est dans un rapport croisĂ© entre le moi » et la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et sociale que s’exprime l’entrecroisement de ces deux naturels ainsi, le bon sens supĂ©rieur, qui favorise l’action en direction du progrĂšs de tous, est naturel dans la mesure oĂč il naĂźt d’un contact avec la rĂ©alitĂ© mouvante qui fait le fond des choses et les couches profondes du moi, ce qu’il y a de plus personnel, tandis que le bon sens ordinaire, qui vise un but essentiellement individuel l’adaptation en vue de la survie, est le produit d’une solidification naturelle du moi par le biais de normes et de processus d’adaptation essentiellement impersonnels exerçant une force d’inertie, ou plutĂŽt entraĂźnant dans un mouvement circulaire. Si la crise mystique qui prĂ©cĂšde l’apparition du bon sens supĂ©rieur n’est pas sans rappeler l’explosion crĂ©atrice du moi d’en bas, dans l’Essai, c’est peut-ĂȘtre parce qu’elle constitue la forme finale prise par l’acte libre dans la pensĂ©e bergsonienne, dans la mesure oĂč elle est pensĂ©e Ă  partir de la prise en compte de la pression fondamentale que la sociĂ©tĂ© exerce sur la constitution mĂȘme de l’individu Ă  laquelle participe le bon sens ordinaire qui n’avait pas encore Ă©tĂ© analysĂ©e au moment de l’Essai55. Exprimant les deux sens de la nature en l’homme, la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur rĂ©pond finalement Ă  la constatation de ce que la morale comprend [
] deux parties distinctes, dont l’une a sa raison d’ĂȘtre dans la structure originelle de la sociĂ©tĂ© humaine et dont l’autre trouve son explication dans le principe explicatif de cette structure »56. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 14Cette distinction permet Ă©galement de rĂ©soudre le problĂšme du rapport du bon sens Ă  la pratique artistique c’est le bon sens supĂ©rieur, qui rĂ©sulte d’un contact avec le principe crĂ©ateur de la vie et produit des actes moraux prenant Ă  leur tour la forme de crĂ©ations Ă  la fois de normes nouvelles et d’un nouveau moi, qui est dans la vie pratique, ce que le gĂ©nie est dans les sciences et les arts »57 selon la formule du discours, et c’est le bon sens ordinaire qui, Ă©tant liĂ© Ă  la perception utilitaire de la rĂ©alitĂ© qu’il contribue Ă  morceler avec souplesse, s’oppose Ă  la pratique artistique comme au rĂȘve, selon les analyses du Rire. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 15La question de savoir si la supĂ©rioritĂ© morale ne peut surgir que d’un effort dirigĂ© contre le bon sens ordinaire, antĂ©rieurement dĂ©fini comme Ă©tat normal de l’esprit humain et santĂ© psychologique, et ses prĂ©occupations utilitaires, engage la viabilitĂ© de la morale bergsonienne. En effet, si la santĂ© mentale d’un individu est liĂ©e Ă  sa disponibilitĂ© passive Ă  l’égard de l’environnement social et si le fondement de l’aspiration morale qui gĂ©nĂšre le bon sens supĂ©rieur est la libĂ©ration Ă  l’égard de l’utilitĂ© vitale et des normes sociales, alors apparaĂźt la possibilitĂ© d’un conflit sous-jacent dans la pensĂ©e bergsonienne entre les dĂ©finitions de l’individu normal et de l’individu moral. En ce qui concerne la problĂ©matique de la santĂ© mentale, le principal interlocuteur, ou adversaire, de Bergson est Pierre Janet qui a pour ambition, dans De l’angoisse Ă  l’extase, de mettre Ă  jour la racine pathologique du dĂ©lire mystique qu’il apparente Ă  un trouble psychasthĂ©nique. À ce titre, il note que les croyances brutales » de sa patiente Madeleine, qu’il compare Ă  ThĂ©rĂšse d’Avila, prĂ©sentent en maints endroits des contradictions et ne tiennent aucun compte des rĂšgles vulgaires du bon sens »58, la principale caractĂ©ristique du discours mystique Ă©tant pour lui d’ĂȘtre une pensĂ©e en rĂ©gression, analogue Ă  celle des petits enfants et des sauvages »59. Pour lui rĂ©pondre, Bergson tente d’abord de distinguer l’anormal de l’extraordinaire, puis finit par admettre qu’en tant que passage Ă  l’extraordinaire c’est-Ă -dire au dynamique et Ă  l’ouvert, la violence mĂȘme du processus de libĂ©ration mystique peut gĂ©nĂ©rer l’apparition de symptĂŽmes anormaux au sens de morbides et dĂ©ranger les rapports habituels entre conscient et inconscient »60. Il est intĂ©ressant de constater que c’est de la prĂ©sence, chez les mystiques, du bon sens supĂ©rieur sous la forme d’un goĂ»t de l’action », c’est-Ă -dire de ce par quoi le bon sens supĂ©rieur ressemble au bon sens ordinaire, que Bergson cherche Ă  tirer argument pour justifier la santĂ© mentale des mystiques contre Janet. Mais, comme le note celui-ci contre l’idĂ©e que la foisonnante activitĂ© des mystiques serait le signe de leur santĂ© mentale l’état proprement psychasthĂ©nique n’est pas constant et un malade [
] peut ĂȘtre en dehors de ces crises assez actif et persĂ©vĂ©rant pour accomplir des Ɠuvres intĂ©ressantes »61. Mais l’originalitĂ© du bon sens supĂ©rieur est d’unir, dans le prolongement de la crise mĂȘme » au sens oĂč l’entend Janet, l’ajustement de l’action au rĂ©el et la visĂ©e plus haute inspirĂ©e par l’amour. C’est pourquoi Bergson va plus loin dans sa rĂ©ponse et avance que le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle solidement assise, exceptionnelle, qui se reconnaĂźt sans peine »62. Et, en effet, si l’on considĂšre que l’aspiration morale est une forme de santĂ© dans la mesure oĂč elle est contact avec l’élan vital, nature naturante supĂ©rieure Ă  la circularitĂ© de la nature naturĂ©e, et, dans la mesure oĂč cette santĂ© est rĂ©servĂ©e Ă  une Ă©lite, alors se comprend le fait qu’il existe une santĂ© mentale en un sens non mĂ©taphorique se caractĂ©risant par l’exception et non par la moyenne cette santĂ© est normale en un sens normatif sans ĂȘtre normal en un sens statistique. Mais si le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle », de quel genre d’état mental s’agit-il ? L’intelligence Ă  laquelle Bergson fait rĂ©fĂ©rence ici ne peut pas ĂȘtre celle qui soumet le rĂ©el Ă  son dĂ©coupage utilitaire, mais au contraire une intelligence qui parvient Ă  retrouver, entre les lignes de ce morcellement, le rĂ©el mouvant. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 16L’équilibre des facultĂ©s qui caractĂ©risait le bon sens ordinaire se transforme dans le bon sens supĂ©rieur en un Ă©quilibre d’un autre genre »63 auquel Bergson fait allusion au dĂ©but des Deux sources, sans le lier Ă  la problĂ©matique du bon sens supĂ©rieur qui n’a pas encore Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e, ainsi que le suggĂšre allusivement le dĂ©but des Deux sources, prĂ©cisant toutefois au sujet de l’effort qui permet de s’enfoncer ainsi en soi Ă  la dĂ©couverte de son moi s’il est possible, il est exceptionnel »64. Il est possible d’avancer que cet Ă©quilibre d’un nouveau genre peut ĂȘtre liĂ© Ă  une forme de perception rĂ©elle quoiqu’anormale, justement parce qu’elle n’est pas contrainte par les exigences de l’action il doit y avoir, soit dans le corps, soit dans la conscience qu’il limite, des dispositifs spĂ©ciaux dont la fonction est d’écarter de la perception humaine les objets soustraits par leur nature Ă  l’action de l’homme. Que ces mĂ©canismes se dĂ©rangent, la porte qu’ils maintenaient fermĂ©e s’entrouvre quelque chose passe d’un en dehors », qui est peut ĂȘtre un au-delĂ  ». C’est de ces perceptions anormales que s’occupe la science psychique »65. Ce qui serait ordinairement jugĂ© pathologique, Ă  savoir ces perceptions anormales », reçoit finalement une justification morale, puisque ces perceptions Ă©manent de la santĂ© supĂ©rieure que constitue l’équilibre supĂ©rieur de l’esprit mystique soustrait aux exigences d’utilitĂ©. Cela signifie non seulement que le normal psychologique qui n’est que l’état moyen de l’esprit des individus rivĂ©s Ă  leur intĂ©rĂȘt n’a pas Ă  recevoir un statut normatif, mais surtout que le moral est une norme qui enjoint de dĂ©passer purement et simplement l’équilibre normal de l’esprit, le rĂ©el se trouvant modifiĂ© Ă  son tour parce qu’étendu Ă  ce que les exigences vitales rejetaient. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms di ... 17L’anormal est peut-ĂȘtre mĂȘme alors plus rĂ©el que le rĂ©el morcelĂ© par les exigences vitales, auquel l’état normal de l’esprit donne accĂšs, car tout se passe comme si l’équilibre humain, comme si la normalitĂ© engendrĂ©e par cet Ă©quilibre cessait d’ĂȘtre viable ; Ă  un niveau plus profond, il est perçu et vĂ©cu comme un dĂ©sĂ©quilibre en tant que son modus vivendi ne cesse de rĂ©primer les forces crĂ©atrices au sein de l’individu »66. Ériger l’anormal en norme morale permet donc Ă  Bergson de modifier en retour la dĂ©finition du normal par la mise en question de la validitĂ© de la perception normale c’est-Ă -dire habituelle elle-mĂȘme, qui Ă©tait au fondement Ă  la fois de la dĂ©finition de l’adaptation au rĂ©el, mais aussi du rĂ©el lui-mĂȘme. Ce renversement illustre finalement pleinement la contradiction qu’on trouve au sein de l’Ɠuvre bergsonienne entre le vital compris comme ensemble d’exigences d’utilitĂ© pour la survie individuelle et d’autre part comme Ă©lan crĂ©ateur le second l’emporte finalement sur le premier puisque l’aspiration morale contribue Ă  dĂ©faire le dĂ©coupage utilitaire du rĂ©el et donne ainsi accĂšs Ă  l’élan vital lui-mĂȘme. Haut de page Notes 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psychologique normale, c’est lutter, c’est vouloir ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif et le rĂȘveur] se place l’heureuse disposition d’une mĂ©moire assez docile pour suivre avec prĂ©cision les contours de la situation prĂ©sente, mais assez Ă©nergique pour rĂ©sister Ă  tout autre appel. Le bon sens, ou sens pratique, n’est vraisemblablement pas autre chose ». 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475. 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous n’ont pas Ă©galement le sens du rĂ©el, le bon sens ». Pierre Janet remarque chez les psychasthĂ©niques un caractĂšre fondamental, difficile Ă  expliquer, [
] le caractĂšre de la paresse » La force et la faiblesse psychologiques, Paris, Ă©ditions mĂ©dicales Norbert Maloine, 1932, p. 275. 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologiques, Ă  savoir la perturbation des relations sensori-motrices Ă©tablies dans l’organisme » p. 313. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’universitĂ© d’Ottawa, 1974, p. 115 et suiv. 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discours de 1895, il est mĂȘme possible d’envisager que c’est en hommage au bon sens analysĂ© par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode que Bergson a conservĂ© le terme bon sens » pour dĂ©signer l’équilibre psychique qu’il dĂ©crit. Les rĂ©fĂ©rences Ă  la problĂ©matique cartĂ©sienne du bon sens abondent dans le discours de 1895 le concept d’attention peut suggĂ©rer un arriĂšre plan cartĂ©sien, et Bergson y Ă©voque l’urgence de l’action en des termes qui rappellent ceux de Descartes pour qui les actions de la vie ne souffrent aucun dĂ©lai ». Dans le discours de 1895, Bergson dĂ©signe le bon sens comme une ignorance consciente d’elle-mĂȘme », termes qu’il rĂ©pĂ©tera Ă  l’identique dans son hommage Ă  Descartes en 1937, lorsqu’il fait de celui-ci l’auteur de l’idĂ©e selon laquelle la vraie connaissance a moins de rapport avec une information superficiellement encyclopĂ©dique qu’avec une ignorance consciente d’elle-mĂȘme ». Dans Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson ne nie pas directement que le bon sens soit la chose du monde la mieux partagĂ©e », mais il affirme que, si le bon sens est une facultĂ© innĂ©[e] et universel[le] », celle-ci est empĂȘchĂ©e par certains obstacles, notamment les prĂ©jugĂ©s et la distraction avec laquelle l’individu les reçoit l’universalitĂ© en droit du bon sens s’accorde bien avec l’idĂ©e que le bon sens reprĂ©sente une sorte de santĂ© mentale. Mais, Ă  la diffĂ©rence du bon sens cartĂ©sien, le bon sens bergsonien ne nĂ©cessite pas l’adoption d’une mĂ©thode l’adaptation Ă  la rĂ©alitĂ© qui rĂ©sulte du bon sens est spontanĂ©e, l’action qui en est issue tranche, brise le cercle, puisqu’elle est puissance d’invention de solutions. En outre, il n’est pas Ă  proprement parler une facultĂ©, que l’on pourrait rabattre soit sur l’intelligence, soit sur l’intuition, mais bien plutĂŽt un Ă©tat d’équilibre entre facultĂ©s, tempĂ©rant l’action de chacune en vue d’une bonne adaptation. 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, op. cit., p. 115 et suiv. 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de progrĂšs social, il ne peut tirer sa force que du principe mĂȘme de la vie sociale, l’esprit de justice ». 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire les uns par un artifice, lĂ  oĂč d’autres sont tout de suite placĂ©s par nature ». 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s’est demandĂ© ce que tel ou tel eĂ»t attendu de lui en pareille occasion ». 46 Ibid., p. 1060. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’une promesse ou celle du suicide dans Les fondements de la mĂ©taphysique des mƓurs et dans le chapitre premier de l’Analytique de la Critique de la raison pratique. Il critique Kant en affirmant que jamais [
] on ne sacrifierait au seul besoin de cohĂ©rence logique son intĂ©rĂȘt, sa passion. » Les deux sources, op. cit., p. 994. 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand sa conscience, travaillant en profondeur, lui rĂ©vĂšle, Ă  mesure qu’il descend davantage, une personnalitĂ© de plus en plus originale, incommensurable avec les autres et d’ailleurs inexprimable » Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 986. 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms dir., Annales bergsoniennes, tome 4, Paris, PUF, 2009, p. 689. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne, 6 2012, 83-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne [En ligne], 6 2012, mis en ligne le 04 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page

corrigé explication de texte bergson la pensée et le mouvant